Mes coulisses (2)

Certains débuts ont des airs d’achevé.

Alice

Les mains rentrées dans les manches de son pull à capuche, quand je l’ai rencontrée, Alice mordillait le tissu qui enveloppait son poignet droit. Elle graffait les ruelles. J’aidais les grosses fortunes à choisir leurs investissements. Je ne comprenais pas qu’elle s’intéresse autant à son art. Que pouvait-elle en espérer ?

« Du sens, me répondit-elle.

– Le sens ne met pas un toit sur ta tête, l’avais-je reprise

– L’argent ne chasse pas tes monstres, avait-elle rétorquée.

J’ignorais de quoi elle parlait. Les monstres n’existaient pas.

– Tu es trop terre à terre. Ta vie est d’une tristesse contagieuse. »

Elle était partie sur ces mots.