Mon inspiration. Ton expiration. Mal synchronisées. Un nuage passe. Un corbeau le traverse en croassant. Dans ma poitrine, un ancien vide s’ouvre. Il n’a jamais été comblé. Je me contente de le boucher avec mon espoir et mes rêves. Une voix s’écorche sur les parois de cette cavité. Elle crie que je ne serai jamais assez, toujours trop.
Toujours en trop.
Je fais avec. Je l’enveloppe de chaleur, cette voix. Il n’y a rien d’autre à faire que de l’aimer, avec sa détresse et ses racines tortueuses.
À force d’être bercée, elle s’apaise. Ne reste que l’épuisement d’avoir mis toute mon énergie à la soutenir. Je regarde par la fenêtre. Le corbeau n’a pas reparu. Il se sera perdu dans la brume.
Le silence résonne désormais dans mon centre. De son cœur s’élève un chant tendre et délicat. Il raconte, ce chant, que je peux suffire. Que je suis assez.
Juste assez.
Je l’ignore. C’est plus loin qu’il me faut plonger. Dans les profondeurs les plus sombres de la caverne se trouve le souffle d’un vent tiède. Il faut l’amplifier pour discerner, dans cette brise, un murmure. Il suggère, ce murmure, que trop, trop peu, assez, tout cela c’est du pareil au même. Il ajoute que peut-être, seulement peut-être, il ne s’agit que de respirer. Ensemble.
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