Bordeaux, le 17/08/2018
Un bol de céréales, un épisode de Daria, et la musique de Kill Bill. Soit mon été a atteint son point de non retour et je suis en pleine phase régressive, soit je suis sur le point de franchir le voile qui recouvre la réalité et de passer de l’autre côté du miroir, là où la Résistance vaincue, les pages sortent de moi en un torrent ininterrompu, et me révèlent une nouvelle dimension de mon identité et de ma réalité.
Ces périodes d’été sont expérimentales. J’y côtoie la solitude et les plages de vingt-quatre heures sans obligation ni cadre. Je peux vivre la nuit ou me lever à l’aube, je peux gaspiller mon temps ou l’employer avec une conscience aiguisée. Ma production, dans ces périodes, m’importe moins que ce qu’elles m’apprennent sur moi, sur ce qui bouge en moi, sur ce qui ne bouge pas.
Je rencontre la frustration des journées youtube, l’apaisement des journées à trois mille mots de fiction. L’indifférence relative des journées de réécriture. La fierté des projets achevés et la douleur de ceux qui ne le sont pas.
L’été permet un bilan par l’action, une observation des choix que je fais quand rien d’extérieur ne dicte mon rythme. Si les choses que nous choisissons avec régularité révèlent ce qui est important pour nous, alors ce contexte est une fenêtre précieuse sur mon identité. À quoi cela me sert-il ?
C’est simple : quand je vois où vont mes efforts lorsque le stress et l’anxiété ne m’imposent pas de direction, je peux décider des ajustements à apporter à ma vie quotidienne non à cause d’impératifs sociaux arbitraires mais en puisant directement à la source de mes envies les plus spontanées.
Ce que je veux dire par là, c’est que lorsque nous sommes en état de stress, nous sommes plus influençables que lorsque nous sommes apaisés. Il suffit d’un message marketing bien ficelé pour nous convaincre que nous devons nous concentrer sur x ou y. Mais qui s’exprime dans ces désirs sinon notre peur, qui n’est qu’une toute petite partie de nous ?
Une vie vécue à cause de la peur n’est pas une vie ne m’est ni très agréable, ni très épanouissante. Je lui préfère une vie de patience et de lente construction, même si elle est souvent effrayante, même si elle m’isole parfois, même si elle est incertaine. L’alternative m’est insupportable.