Petit nez rouge

Petit bout de plastique, tu m’indiques où je suis, point inévitable posé sur le plan de ma vie intérieure : Vous êtes ici. Petit nez rouge, tu redonnes du souffle à ma vie, après une année toute en plongée dans les profondeurs, après des mois de déambulations sans but, de fuites émotionnelles et géographiques, de vide intérieur, de doute, de désespoir, tu réveilles ma joie d’être.

Petits nez rouges, catalyseurs d’âmes, vous permettez des condensés de rencontres, vous connectez le vrai au vrai, le juste au juste. Pas de masques quand le plus petit masque est porté. Générosité des cœurs, des âmes qui se proposent aux regards. De toi à moi, de moi à toi, multiplié par douze. « Bonjour, c’est moi. Non mais, je veux dire, c’est vraiment moi. Est-ce que tu t’en rends compte ? » Avec ou sans les mots, oui, oui, tu te rends compte. Oui, je me rends compte. Et je fais silence. On ne parle pas de ces rencontres-là, elles se vivent dans tout le corps, dans tout l’être.

Petit nez rouge, tu me rappelles qu’il est possible d’aimer l’humain, d’avoir foi en lui. Et de revêtir soi-même son humanité nue. Tombées les armures grâce à un rire, un regard, un souffle, un sourire qui promet, sans arrière-pensée : « tu es en sécurité ».

Alors bien sûr, l’autre monde frappe à la porte. Il est toujours là, bien réel, bien cruel, mais beau aussi, pour peu que tu veuilles bien poser sur lui ton regard allumé. Et les frissons qui disent l’évidence du chemin présent et à venir, les frissons-boussole.

Petit nez rouge, vecteur d’une grande magie, tu m’énergises. Plus inspiré, plus calme, plus serein, plus clairvoyant après une semaine à te chausser, avec toi je noircis d’un geste décidé la prochaine page de mon existence.