Manifeste 2022 – 5

Écrire. Trouver le courage et l’audace de laisser entendre ma voix. Continuer à explorer mes mots. Trouver la justesse de cette moitié de vie. Mes doutes, mon débordement, ma stupéfaction face au monde, mon impression d’être à côté, toujours à côté. Du monde, de ma vie, de ce qui m’arrive, de ce qui arrive.

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Parler de la vie plus que de la mort.

Parler de l’urgence d’écrire plus que de son sens.

Parler du goût des mots pour les mots.

Du vivant.

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Je crois qu’il est à nouveau temps que je lâche toute convention, que je fasse l’opposé de ce qui me semble raisonnable, que j’aille là où je veux aller, là où je m’interdis d’aller. À l’opposé des idées convenues. À contre courant.

Guidé par le plaisir. Guidé par l’envie, le goût du partage, le goût de l’écrit.

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J’ai cette urgence d’écrire. Ce besoin de coucher des mots. De raconter le monde. De raconter la souffrance d’exister. L’incompréhension du monde. Un certain plaisir de me questionner, d’explorer, interroger, douter.

Raconter la souffrance de l’échec, la lose, sans complaisance. John Fante-style. Djian-style. La lose ordinaire. Le petit face à un système qui le dépasse.

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Plutôt que de lutter contre mon côté chaotique, l’embrasser. Plutôt que de continuer à faire le caméléon, accepter mon inadéquation avec ce monde. Oser le diarisme. Oser l’incompréhension de l’Autre. Oser supporter le regard vide ou le jugement. « Torturé ». « Immature ». Que sais-je ?

« Ma lutte contre l’anxiété a duré toute ma vie. Mon œuvre ça a été mon moyen de survie ». « C’est mon œuvre qui m’a évité le suicide. C’est mon œuvre qui m’a permis de me réveiller le matin et de me mettre à travailler ». (Louise Bourgeois)

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Je me demande si j’aime écrire. Je crois que oui, quand ce n’est pas une simple exécution, quand ça n’est pas trop technicien. Quand c’est cette écriture qui jaillit de moi et qui explore le fait d’exister. J’ai encore à déconstruire la croyance que cette écriture n’a pas de valeur. Elle est, après tout, celle qui m’a tenu pendant les années où j’ai choisi ce métier. J’ai tourné autour, toujours autour.