ERrer

Déambuler est peut-être plus facile à entendre. Quand je dis « je vais errer », cela signifie que je laisse mes pas me porter où ils le veulent. En abandonnant la notion de destination, je laisse la place à mes émotions. Ce sont elles qui décident. Et dimanche j’avais besoin de ça, de me laisser porter, de ne pas décider, d’être en mouvement pour vivre les émotions qui m’habitaient. La joie des rencontres, la tristesse de la séparation, la peur du vide.

Parce que forcément quand tu reçois autant, cela te remplit, cela prend de la place, et c’est beau. Et c’est précieux. Parce que où peut-on être autant vivant ? Ils sont rares ces espaces de confiance et d’accueil qui n’exigent de toi aucun compromis, qui te disent: « sois toi » et te redirigent si tu esquives, si tu filtres, si tu mens.

Rempli de moi, dimanche, et rempli de l’accueil généreux qui m’a été offert, j’ai erré. Pas longtemps, une heure peut-être, et le monde était beau, lumineux et dansant. Et il y avait cet autre monde, à l’intérieur de moi, qui continuait à pulser de son élan vital déployé, de sa justesse centrée. Je n’avais envie de rien d’autre que de rester aligné comme ça, à l’écoute de ce qui bougeait en moi et qui n’avait pas de nom, qui n’était que sensation pure dans le ventre, dans la poitrine, dans les jambes, jusqu’au bout des doigts et des cheveux. La vie.

Je suis rentré triste et joyeux et serein. Ce n’est pas grave d’être triste, je sais qu’il y a ce courant de pensée dans le monde qui veut nous convaincre que la tristesse c’est de la souffrance, mais ce n’est pas toujours le cas. Pour moi dimanche, la tristesse c’était surtout le marqueur de la réalité et de la vérité de ce que j’avais vécu.

Dans le retour sur soi qu’apporte la tristesse, il y a de la place pour autre chose. Alors c’était une belle tristesse, parce qu’elle me donnait de l’espace pour ressentir de la gratitude envers les douze lumières que j’ai côtoyées pendant une semaine, qui m’ont ouvert leur cœur (et ont ouvert le mien), de la gratitude envers moi-même pour avoir pris soin de moi et suivi mon intuition en m’inscrivant à un stage de clown et pour m’être donné et investi avec application pendant une semaine, de la gratitude envers la vie qui sait rappeler pourquoi elle vaut la peine, et gonfler de sens les périodes même les plus compliquées.

Mon errance, dimanche, était une errance heureuse, souriante, et pleine de douceur. Merci de me l’avoir offerte.