Je te désire, je ne dis rien. On ne sait jamais, des fois que ça ne marche pas… des fois que je me ridiculise parce que je ne serais pas assez ci, pas assez ça. Je me réfugie derrière mon écran de smartphone quand tu lèves le regard vers moi. Ma peur, terrible, de n’être pas à la hauteur.
Tes questions, timides, m’invitent à oser plonger mes yeux dans les tiens. Je réponds à côté, avec une voix qui fausse, que je cache derrière un air désabusé factice. J’ai peur de toi. Tout ce que je veux, c’est un peu d’attention, un peu de tendresse. Et si tu voulais plus ? Si tu voulais capturer ma liberté, étouffer ma vie ? Je me bats déjà assez contre moi-même pour avancer sans me saboter pour ne pas ajouter à cette réalité la lutte contre toi, contre tes tentatives de me faire correspondre à tes rêves et tes attentes.
J’ai peur de moi. Et si je m’enflamme ? Si tout d’un coup je me mets à croire que tu peux combler mes manques et soutenir mes doutes. Si tout d’un coup je me mets à plonger en toi avec mon surplus de besoins. Si je me mets à croire que tu peux être la réponse à ma peur de la mort, au poids de ma solitude existentielle. Je risque de me livrer à toi avec tout ce que j’ai de plus vulnérable. Je risque d’oublier tout ce que j’ai mis ma vie à construire et à renforcer et à consolider, qui est aussi instable qu’un chateau de cartes.
Tu me souris.
Tes yeux vibrent.
J’ai envie de te serrer dans mes bras, ou de me blottir contre toi.