Je ne donne pas de conseils dans mes formations, je donne des outils.
Je ne sais pas ce que les auteurs doivent faire pour raconter leurs histoires. Je peux donner des conseils de gestion du temps et de gestion des projets mais pas des conseils d’écriture.
Ce que je donne en abondance, cependant, ce sont des outils.
Des outils pour clarifier ses intentions. Pour analyser ses textes et ses structures. Pour développer des personnages denses et intéressants. Pour mettre en scène ses idées avec plus de peps, d’émotion, d’originalité et de vie.
Ces outils, après, chaque auteur peut les utiliser dans une diversité de combinaisons adaptées à son projet, à sa sensibilité, à son humeur, à l’émotion qu’il veut offrir à son lecteur.
On ne forme pas un auteur en lui imposant une méthodologie. On le forme en lui offrant les leviers qui permettront à sa voix de s’exprimer. Qui apaiseront ses doutes quant à sa compétence ou l’intérêt de son projet afin qu’il puisse concentrer son attention sur les détails qui feront la différence pour le lecteur.
Une histoire est une créature complexe, un monstre tentaculaire qui demande des soins constants.
Savoir de quoi elle est constituée et apprendre comment s’occuper d’elle sans se perdre, c’est dans ce travail que se forgent les auteurs.
Longtemps nous cherchons LA solution, comme une combinaison qui nous permettrait de débloquer le coffre fort de l’écriture. On la cherche dans les manuels et les podcasts et les vidéos et les conférences. On la cherche dans les interviews d’auteurs, sourds au fait que chaque livre est une invention. Dans le sens où chaque livre demande de trouver une méthode. Les outils sont les mêmes. L’ordre dans lequel on les utilise change. L’expérience n’est pas la même.
Il est plus facile de se convaincre qu’il existe un secret. Un bouton magique qu’il nous suffira de presser pour enlever tout ce que l’écriture d’un livre peut exiger de discipline, d’incertitude, de tâtonnement, de vulnérabilité.
On a du mal avec l’incertitude. Peut-être même que l’on ne crée que pour ça : pour dissiper l’incertitude. Paradoxalement, créer c’est se jeter dans les bras de l’inconnu de ce qui n’existe pas encore. C’est le doute à l’état pur.
Ça ne veut pas dire qu’on y plonge sans équipement.