Ne prenons pas le chemin le plus facile

Pardon.

Je me suis abandonné. Détourné de moi. Fui ma responsabilité d’artiste. Je me suis réfugié dans des sécurités de surface, caché derrière un discours dicté par une voix qui se veut raisonnable. Ses raisons d’agir ne sont pas les miennes. Ses paradigmes étriqués vont à l’encontre de ce qui est juste et bon et pertinent et sur-mesure pour moi.

C’est la voix de la facilité et du petit confort.

Je ne suis pas contre le confort, je suis contre le petit confort, celui qui veut éviter la partie abrasive d’une existence vécue selon ses propres codes, en accord avec ses désirs profond, dans la réalisation de sa vérité la plus intime.

Prendre le chemin de cette facilité c’est se renier.

L’existence vécue pleinement exige un degré d’engagement qui se marie mal avec la petitesse. Il ne s’agit pas d’avoir des ambitions mégalomanes, seulement de rester fidèle à l’ambition de justesse et d’alignement avec son propre centre. Plus facile sur le papier que dans la réalité, quand ce centre peut se révéler masqué par les injonctions, la pression sociale et médiatique, nos désirs superficiels, nos nostalgies, notre difficulté à couper certains ponts, et notre capacité à nous convaincre que le petit confort qu’on s’est construit est une source de sécurité suffisante.

C’est une illusion.

Nous confondons l’impression de sécurité avec la sécurité réelle, qui est une sécurité intime qui vit et s’entretient à l’intérieur de soi.

Prendre l’habitude de l’inconfort choisi, c’est-à-dire de l’effort qui nous rapproche de ce qui est le plus important pour nous, construit cette sécurité intérieure. Quand on se prouve à soi-même, par l’action, que l’on est investi dans sa propre réalisation, que l’on est prêt à déployer le courage et l’abnégation et la persévérance et l’endurance nécessaires pour avancer résolument vers la vie qui nous correspond le mieux, même si cela demande d’enchaîner les changements et les transformations.

Cette vie ne sera jamais calme mais elle peut être sereine. Je préfère être celui qui, dans la tempête, se sent solide.