L’arbre

Dans Guided Explorations, RZA propose à l’auditeur de se connecter à son true self, à son warrior self. Utiliser la posture du corps pour accompagner la posture de l’esprit. « Depuis notre naissance la vie est une lutte pour se sortir d’une situation étroite ».

Je suis les instructions. Jambe arrière tendue. Jambe avant pliée au niveau du genou. Ancrage solide à la gravité. Hanches et épaules font face, parallèles. Bras tendus. Regard laser. Visualisez-vous dans cette posture. Nommez-la.

« L’arbre ».

Pensez aux obstacles qui vous font face. Comment les aborderiez-vous si vous étiez ce guerrier ?

Alan Watts conclut The World as emptiness, pt 1 (disque 11 de Out of your mind) par le morceau Peaks and valleys go together as one. « Les pics et les vallées sont aussi importants les uns que les autres mais parce que nous mettons trop l’accent sur les pics, je veux exagérer l’importance des vallées ».

Vallée : moment intermédiaire entre deux pics.

Je me demande s’il désigne uniquement les moments de rien, de stabilité. Et si les galères sont des pics mais plongeant le bas. Les pics sont ce que l’attention remarque. Ce à quoi elle s’attache. Ce sur quoi elle s’attarde.

Quand un mémoiriste raconte son histoire, il sélectionne les parties qui dépassent. Il raconte les réussites extraordinaires et les échecs spectaculaires. Il passe sous silence le quotidien. La lutte de tous les jours pour donner sens à des journées banales, pour tirer de la substance de périodes de vie sans éclat.

Watts dit : ces périodes sans éclat méritent autant notre attention que les passages spectaculaires.

Raconter les vallées n’est pas facile à faire sans ennuyer le lecteur. Raconter les vallées c’est être tenté de dire « aujourd’hui : rien » mais de s’attarder. De préciser les nuances. De préciser les petites luttes pour maintenir sa concentration, les défaites mineures face à la distraction, le petit biscuit qui accompagne le café, insignifiant. La musique qui accompagne le travail, oubliée. Je sélectionne 2 ou 3 morceaux chaque jour. Ceux qui ont attiré mon attention. Les pics.

Entraîner l’attention à se poser sur les vallées. À les remarquer. À les intégrer à l’histoire de notre vie.

Il y a ce passage dans Casse-tête chinois, où Xavier, en voix off pendant qu’il marche dans New York avec ses enfants, se fait cette réflexion : «  »[mon père n’était pas là pour] les moments vides comme celui-là, ceux où on a l’impression qu’il ne se passe rien, qu’ils ne veulent rien dire, mais qui sont en fait importants, parce que ces moments, ces moments vides c’était aussi des moments de vie. »

Hello from the other world commence par cette phrase : « My days here have been as rewarding as they are troublesome and often dangerous ».

Ce mélange particulier de saveurs qui caractérise une vie sur le fil de crête.

Et continue avec ces notions : « I’ve been assembling my notes for some time now. My intent is to create a guide for anyone who’s path may lead them to this unwavering otherness. »

Une bonne synthèse de ce blog et de ma démarche artistique.

Et de préciser : « There are days I fear my work will only serve to create more confusion about what I found but I felt it necessary to stay the course in hopes that these insights may be illuminating for some. […] Certain passages may detail specific circumstances that you will not encounter. It is still recommended you cover these sections as to increase your general understanding of what can be expected. There will be times when you will be tested in ways this guide can neither prepare you for nor help you from ».