* cliquez ici si vous préférez lire ce message dans votre navigateur * * Transférez ce mail avec les auteurs de votre entourage et offrez-moi un café | On vous a transmis cet email : inscrivez-vous pour recevoir les suivants * Mes articles vous plaisent ou vous aident ? Mon podcast vous fait avancer ? Mes contenus existent grâce à votre participation. Vous pouvez soutenir leur création en m’offrant un café ☕️ ou en m’envoyant vos questions d’écriture. Reader, Ce qu’on apprend très vite en écriture c’est qu’on a tous une intuition super affûtée et développée de ce qui marche ou pas dans une histoire. On le sent, quand ça ne marche pas. On ne sait pas pourquoi, mais on le sent. Le problème, c’est que cette intuition ne communique pas toujours de manière hyper efficace avec notre logique (la part de nous qui est capable de prendre un problème et de le solutionner méthodiquement). Par exemple, l’intuition va ressentir qu’on a une décision à prendre à propos d’un personnage. Elle pourrait toquer à la porte de la conscience et lui faire un rapport : « salut, j’ai vu que t’étais pas fixée sur tes personnages, là, et tant que tu ne décideras pas si elle le quitte ou non, ça ne marchera pas. Parce que ça traîne en longueur, là. Elle veut, elle veut pas, c’est bon, on a compris ! » La créativité consciente n’aurait qu’à dire » ah ben ouais, t’as raison, attends, je m’en occupe « . Ce serait pratique. Mais non ! Ça ne se passe pas comme ça. L’intuition communique par des canaux différents. Elle s’exprime dans le corps (« rho, j’ai vachement envie d’aller faire un tour tout d’un coup » ou « je me ferais bien un petit sandwich »), Elle passe aussi par la voix du critique interne (« c’est nul », « ça marchera jamais », « un escargot écrirait mieux que moi ! », « ça ne sert à rien de toute façon », vous connaissez), Elle peut aussi passer par une perte de concentration moins flagrante, mais tout aussi signifiante. L’apprentissage d’une certaine technique a comme effet, entre autres, de fluidifier la communication entre ces deux dimensions de nous. En apprenant à reconnaître, puis à nommer ce qui se passe au moment où cela se passe, vous pouvez plus facilement agir à partir des signaux envoyés par votre intuition. Plutôt que de dire : « je crois qu’il y a un truc qui ne va pas mais je ne sais pas quoi », vous pouvez émettre une hypothèse sur la source du problème et imaginer une solution adaptée. Quand vous avez un vocabulaire pour nommer ce que vous vivez, vous pouvez plus facilement sortir de la confusion qui accompagne souvent la création pure. En fiction, même avec beaucoup de préparation, vous découvrez l’histoire sous vos doigts. C’est en l’écrivant que vous lui donnez naissance, ce qui signifie qu’elle peut exister avec beaucoup de détails dans votre imagination, c’est seulement quand l’encre a séché sur le papier que vous pouvez dire : « ah ! c’est donc ça que j’écrivais ». Du coup, on se retrouve à vivre des tas de trucs pendant qu’on écrit, et à voir les résultats sur la page sans forcément savoir comment ces deux aspects de nous communiquent, ni savoir quoi en faire. L’apprentissage d’un regard précis, informé par une certaine technicité, la faculté, par exemple, à savoir distinguer la dramaturgie de la narration*, permet de donner du sens à ce « tas de trucs » qui, autrement, peut être source de confusion. Une part de la confusion vient du fait que, lorsque vous posez les mots sur le papier, ils ne reflètent pas assez bien la réalité de ce qui est dans votre tête. Cela s’explique par le fait que, dans votre tête, coexistent toutes les versions possibles de votre histoire tandis que sur la page, il n’y a qu’une seule version. C’est comme dans Le Petit Prince. Chaque fois que le narrateur dessine un mouton, il y a quelque chose qui ne va pas. Le mouton est trop ci, ou trop ça. Et c’est seulement quand le mouton n’est pas dessiné, quand il reste dans la boîte, que le Petit Prince est satisfait. Mais le mouton, dans sa boîte, il ne peut pas vivre. Et le Petit Prince, pardon de vous le dire, mais c’est un petit emmerdeur. Notre travail, la partie à mon avis la plus difficile de notre travail, en tant que créateurs, c’est de faire le deuil de l’histoire qui pourrait être et d’accepter celle qui est. Ça ne veut pas dire qu’on ne cherche pas à nous rapprocher le plus possible de ce qu’on voudrait être capable de produire, mais je crois qu’un mouton vivant, libre de gambader, même s’il est trop vieux ou trop maigre ou je ne sais quoi, ce mouton-là vaut mille fois mieux qu’un mouton idéal enfermé dans une boîte. Et ce qui aide à faire ce deuil, c’est d’apprendre à reconnaître quand l’histoire marche, quand sa forme est assez proche de son intention. La chose la plus importante que peut vous apporter l’apprentissage de la technique, c’est cette capacité à reconnaître l’horlogerie fine qui sous-tend votre projet et l’aptitude à agir sur ses mécanismes les plus fins. Ainsi, vous laisserez votre perfectionnisme au placard et finirez enfin ces projets qui vous tiennent tant à cœur. Anaël Verdier * Pour rappel, la dramaturgie, c’est le travail (urgos) des actions (drama) ; et la narration c’est l’art de raconter (narrare) ces actions. *** *** *** ***
Et toujours mon podcast et ma chaîne Youtube pour approfondir votre relation à votre écriture. *** Cet article vous a plu ou aidé ? Le podcast vous fait avancer ? Mes contenus existent grâce à votre participation. Vous pouvez m’aider à les créer en m’offrant un café ☕️ ou en m’envoyant vos questions d’écriture. 📚 Découvrez la quasi intégralité de mes livres sur cette page de référence. Un ami auteur vous a transmis cet email ? Abonnez-vous pour recevoir les suivants. |