À l’occasion d’un weekend déconnecté, peut-être après m’être un peu surmené, je débranche aussi toute volonté.
Samedi : rien de rien de rien. Je n’y suis pour personne.
Dimanche : entre cartons et silence, un murmure se laisse entendre.
Elle était donc là, cette voix. Cachée derrière l’agitation constante, derrière le bruit des obligations artificielles et des responsabilités légitimes.
C’est une voix chargée de tristesse et de colère. Nostalgique d’une vie que je ne vis pas. Nostalgique des textes que je n’écris pas. De la débauche où je ne me perds pas. Nostalgique, surtout, de ma vérité intérieure, noyée sous les impératifs dont je me laisse bombarder à coups de lectures.
Je recherche encore, toujours, sans relâche, une recette miracle, un mode d’emploi, une preuve qu’il est possible de traverser cette vie sans se sentir débordé, sans se sentir étranger dans ce monde. Alors j’emprunte les aspirations des autres — philosophes plus ou moins orthodoxes, « experts », chercheurs…
Ce faisant, c’est à ma nature que je tourne le dos.
Je cherche tant à être un autre que j’en oublie la simple réponse : c’est en étant au plus proche de soi-même que l’on peut se sentir le mieux à sa place, même si cette place est en porte-à-faux.
Être au plus proche de soi-même n’est pas toujours confortable. Il y a là quantité d’ombres à côtoyer. Quantité de contradictions. Quantité de désirs frustrés qui exigent une réaction — leur deuil ou une forme persévérance flirtant avec le masochisme.
La petite voix me parle de moi, des rêves où elle aime se promener.
Elle porte une savoureuse mélancolie de dimanche soir. Elle m’invite au calme, au silence, à la lenteur contemplative, à l’acceptation de cette tragédie qu’est l’existence.
Ses mots sont mes mots. Magmatiques. Libertaires. Utopiques. Urgents.