« Elle aperçut alors une petite boîte en verre qui était sous la table, l’ouvrit et y trouva un tout petit gâteau sur lequel les mots « MANGEZ-MOI » étaient admirablement tracés avec des raisins de Corinthe. « Tiens, je vais le manger, » dit Alice »
(Alice au Pays des Merveilles, Lewis Caroll)
La vie nous offre ce genre de gâteau en permanence et avec nos peurs et nos doutes et nos insécurités et nos traumatismes, nous avons peur de ces présents.
Lorsqu’Alice trouve la boîte, elle ne se questionne pas. Elle mange le gâteau et se laisse porter par les conséquences de ces abandons. On pourrait discuter du fait qu’elle manque de se faire couper la tête en conséquence directe de cette attitude d’accueil mais au final, elle s’en sort bien.
Ulysse n’a pas le choix, même s’il lutte contre les éléments tout au long de l’Odyssée. Il résiste et Poséidon l’envoie à l’opposé de sa destination. Parce qu’il ne baisse jamais les bras, parce qu’il s’engage dans chacune des rencontres que lui offrent ses naufrages successifs, il finit par rentrer à Ithaque avec plus de maturité et de sagesse qu’il n’en aurait eu sans ces épreuves.
Notre inconscient est une réserve sans fin d’enseignements
Platon suggère que nous sommes constitués d’une âme et d’un corps. L’âme vient du monde des Idées et elle oublie tout au moment de s’incarner mais par flashs, il lui arrive de retrouver des fragments de souvenirs, de se rappeler de qui elle est vraiment.
On retrouve la même idée dans la psychanalyse, même si c’est sous une forme différente. Chez Jung, l’individu possède une essence propre et sa vie a pour seul but de lui révéler cette essence.
Lorsque nous rencontrons une situation, une personne, un lieu qui nous donne l’impression d’une connexion immédiate, d’une familiarité inexplicable, c’est notre inconscient qui nous parle: il y a, dans cette expérience, des leçons à tirer pour nous amener un peu plus près de notre essence, de notre nature profonde, de ce que la PNL appelle notre excellence.
Chacun d’entre nous est fait d’un mélange unique d’expériences, de sensibilité et de filtres d’interprétation du monde. Lorsque nous cherchons à vivre selon les filtres des autres (ceux de la société, des médias, de notre famille), nous trahissons ce que nous sommes. Ces expériences nous offrent la possibilité de renouer avec notre singularité.
Être singulier, c’est honorer la vie
Entrer dans le moule que le monde cherche à nous imposer, c’est survivre.
Il faut une certaine force de caractère pour avoir l’audace de briser les modèles extérieurs et de définir sa propre réalité mais n’est-ce pas là le but de la vie ?
Toutes les grandes révolutions ont été menées par des individus qui ont choisi de bousculer l’ordre établi, de le questionner, et de proposer autre chose pour le remplacer. Chaque changement est l’occasion d’un apprentissage. Certains changements mènent vers du pire, d’autres vers du mieux mais chaque expérience vous permet d’identifier ce que vous voulez et ce que vous ne voulez pas.
Quoiqu’il arrive, manger le gâteau, c’est grandir.
Votre résistance
Parce qu’ils se sont brûlés, la plupart des gens ont peur d’allumer la lanterne qui leur est tendue par la vie. Par peur de la douleur, ils choisissent de vivre dans la pénombre. Ils vivent à tâtons, entourés de silhouettes floues et de grognements sourds dont l’origine reste inconnue. Les peurs se nourrissent de cette pénombre. C’est un cercle vicieux qui s’installe: par peur de la souffrance, l’on se prémunit contre la nouveauté en n’y plongeant pas. Ne pas plonger dedans augmente la peur de ce qu’elle pourrait contenir. S’installe alors l’habitude du connu, qui nourrit à son tour la peur de la perte. Et ainsi de suite, sans fin.
Les deux seules choses qui sont certaines dans cette vie c’est votre mortalité et l’incertitude. Tout peut changer demain.
En prenant l’habitude d’accueillir cette nouveauté qui provoque l’agitation de notre inconscient: « hey, y a quelque chose de cool par là », nous rompons le cercle de la résistance. Si à chaque fois que vous tentez quelque chose de neuf vous découvrez qu’il vous arrive quelque chose de bien (ou juste, qu’il ne vous arrive rien de mal), alors il vous sera plus difficile de résister la fois suivante, et la suivante et la suivante, et ainsi de suite jusqu’à ce que l’expansion de votre zone de familiarité soit devenue votre activité principale.
Quel gâteau choisir
Plonger dans l’inconnu ne suffit pas pour provoquer une expansion de vous-même, une explosion de vos limitations et une ouverture à une conscience plus vaste et une maîtrise de vous-même plus grande. Privilégiez les expériences qui parlent à votre essence profonde. Les gâteaux dans votre vie sont les activités, les personnes, les objets, les projets… qui vous attirent et vous donnent envie de plonger.
Ils portent un gros « MANGEZ-MOI » en guise d’avertissement que oui, sérieusement, ils vous feront du bien si vous avez le courage de les avaler.
La plupart du temps, nous laissons la pub et les médias, la culture et nos amis nous dicter nos goûts mais en affinant notre attention, nous pouvons commencer à nous écouter, nous, directement. Le gâteau c’est une découverte inattendue, une épreuve, une opportunité à saisir.
Lorsque vous laissez la paresse dicter vos actions, vous vous empêchez de saisir la perche qui vous est tendue par l’univers de vous rapprocher davantage de vous-même. Vous dites: « j’ai déjà quelque chose de prévu à cette date » ou « je n’ai pas les ressources », et vous utilisez ces excuses pour stagner, pour vous maintenir dans ce que vous connaissez déjà. Vous vous habituez à voir le gâteau et à répondre: « Je peux pas, je suis au régime », mais c’est de la vie que vous êtes au régime lorsque vous faites cela.
A l’inverse, lâchez prise. Greg m’explique « Lâcher prise ne signifie pas de ne faire aucun effort, c’est abandonner la résistance que l’on peut ressentir à l’idée de fournir ces efforts! »
Une révolution pour moi qui ai toujours compris le lâcher prise à l’inverse, comme une forme d’arrêt de la volonté, qui se plierait passivement aux éléments. C’est tout l’opposé. La volonté est là pour servir de levier à la vie. Lorsque quelque chose de bon et de transformationnel vous est présenté, exercez votre volonté pour effectuer les ajustements nécessaires dans votre existence.
Et profitez bien de chaque bouchée!