En moyenne c’est le temps qu’il me faut passer seul, à m’agiter dans tous les sens et à me disperser avant de me rassembler et de retrouver la clarté de la voix qui m’habite. Cette voix qui porte la sensibilité de mon écriture et de ma vie. C’est comme une corde de guitare. Au contact des autres, au contact du quotidien, des trucs à faire, de la charge mentale, des sollicitations, la corde vibre à tout va. C’est disharmonieux. C’est cacophonique. C’est une seule corde mais elle est tirée dans tous les sens, n’importe comment, sans cohérence. 36 heures de solitude, c’est le temps qu’il faut pour qu’elle s’immobilise. Alors elle peut commencer à recevoir les infimes vibrations émises par ma sensibilité. Certains diront mon cœur ou mon âme ou ma personnalité ou je ne sais quoi. Moi je dis ma sensibilité. Je peux dire mon intimité. Ce qui est moi en moi. Ou ce qui veut s’exprimer à travers moi si je prends le modèle selon lequel l’artiste est un canal pour une voix qui le traverse. Bon. La corde vibre. Et là, c’est harmonieux. Un son clair, mélodieux.
Tout mon enjeu sera désormais à la fois de réduire ce nombre. Et de protéger ma corde des vibrations extérieures.