2020 | DAY 1

Le changement d’année est un espace symbolique, le sas entre les projets d’avant et les projets de maintenant ; l’occasion d’abandonner ce dont nous ne voulons plus et de nous engager dans la direction de ce que nous souhaitons.​

La seule constante de l’existence, après tout, c’est que tout change, tout le temps, nous y compris. Lutter pour conserver – par loyauté – des désirs ou des comportements qui ne nous correspondent plus, pire, qui nous blessent et nous empêchent de vivre dans toute la splendeur qui est la nôtre, est non seulement absurde, c’est un gâchis du court temps dont nous disposons sur cette Terre.​

Les sas du calendrier sont une invitation à l’accueil du changement. Bien sûr, dans un monde de fantasme, nous le ferions tous les jours, nous accueillerions le changement au moment où il se présente. Mais la réalité veut que nous soyons sujets à la loi de l’inertie. Une fois en mouvement, nous devons exercer une force consciente si nous voulons ralentir ou réorienter notre route.

Or, le quotidien et la vitesse de nos vies en autopilote nous empêchent souvent de prendre la peine de reconnaître le changement quand il se manifeste à nous. La peur du jugement, le désagrément du désengagement, la pression sociale, nous poussent à rester enfermés dans des formes et des habitudes qui nous ont servi mais ne nous servent plus.​

Elles nous ont si bien servi, d’ailleurs, que c’est grâce à elles que nous avons progressé, que nous avons gagné un niveau, et que nous sommes en mesure de passer à l’étape suivante de nous-même. (Il n’y a pas d’étape à atteindre, le jeu consiste à continuer à passer des niveaux, sans préconception de leur nombre ou de leur difficulté).​

Les sas comme le Nouvel An, les anniversaires, les rentrées administratives, offrent l’opportunité d’un bilan, de faire le point sur nos accomplissements, sur nos essais infructueux, sur les rencontres et les découvertes qui ont ouvert notre vision du monde, et de nous demander : de quoi ai-je encore envie ? De quoi n’ai-je plus envie ? Quelle expérience nouvelle ai-je envie de tenter ? Comment puis-je me pousser là où je n’ai pas encore été ? À quel ancien rêve (qu’il date de vingt ans ou de la semaine dernière) ai-je envie de dire « Merci, au revoir », que je l’ai réalisé ou non ; et à quel rêve ai-je envie de me consacrer ?

Là où je pose mon attention, je croîs. Là où j’investis du temps et de l’énergie, j’obtiens des résultats.

Le faire en conscience pourrait bien être l’une des clefs de l’épanouissement et de la joie profonde d’être.​

C’était important pour moi de commencer l’année par une publication, à la fois pour clore le dossier de ce livre, à la fois pour symboliser mon engagement renouvelé dans la poursuite de ma carrière de romancier. C’est chose faite. Dans la nuit de 2019 à 2020, j’ai appuyé sur « Publier » et Semaines Père est né. J’ai une tendresse particulière pour ce roman et j’espère qu’il vous en donnera (de la tendresse).

Je remercie fort fort fort Florence Rivières et Aurélia Balmelle pour la photo de couverture.

Il me reste encore beaucoup à écrire cette année, mais je n’ai plus de romances dans les cartons, et plus vraiment de romans sur la conquête de soi. J’imagine que ça en dit long sur le chemin que j’ai parcouru ces dix dernières années.