Ça me manque la mélancolie du dimanche soir. Quand j’avais moins à faire. Quand je n’avais pas une todo list longue comme la distance entre la Terre de Baffin à Vancouver Islands.
Maintenant c’est juste stress, stress, stress, stress. Pas de place pour d’autres émotions. Struggle, grind. Le temps passe. Le temps file. J’ai mille cibles à atteindre. Je ne sais pas très bien viser, mes flèches tombent souvent à côté.
Fine. Je continue d’essayer.
La mélancolie me manque parce qu’elle est reposante. Les journées perdues, à traîner dans mes errances.
Ça reviendra.
Ce n’est pas une question d’équilibre mais de marées. Le vide succèdera au trop-plein et l’ennui remplacera l’impatience.
Je rêve de fuir. Monter dans un train au hasard. Tracer ma route sans m’arrêter. En ligne droite faire le tour du monde avant de revenir à mon point de départ. Fuir pour mieux me trouver, j’ai déjà fait ça. Ça n’a pas été concluant. Où que j’aille, je m’embarque dans mes bagages.
Le stress m’accompagnera même si, d’accord, une partie de ma charge mentale restera en arrière.
Fuir donne de l’élan. Fuir donne un souffle que l’immobilisme et la stagnation n’offrent pas.
La force d’inertie est redoutable.
M’arracher à mon environnement éclate mes habitudes. En faisant sauter mes repères, en changeant de lieu et d’horizon je mets à mal les automatismes que j’ai acquis ici (« ici » c’est n’importe quel endroit où je me sens à l’aise, que je connais, où c’est devenu confortable pour moi).
Dans mes fantasmes, je mets le feu à mes affaires et je repars avec rien d’autre que les vêtements sur mon dos et les idées dans ma tête.
La numérisation rend cela très difficile. Il reste des trace de soi dans le « nuage ». À moins de shut down toutes les fermes de serveurs du monde, disparaître relève du rêve.
J’idéalise un monde dans lequel il suffisait de s’éloigner de quelques (centaines de) kilomètres pour arriver à un endroit où personne ne te connaissait, personne ne savait ni ne pouvait rien savoir sur toi. Où tu pouvais t’inventer un nom, une histoire, et un avenir sans être encombré par ton passé.
Anyways.
Cette période s’achèvera et je me plaindrai de ne pas avoir assez à faire. Go figure.
Projet Alfred : 48 ¾ /100
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