Vivre

​Je reviens rechargé à bloc d’une semaine au bout du monde. J’ai marché sur la pointe-du-Raz, et dans les rues de Pont-Aven sur les traces des impressionnistes. Et dans Brocéliande à guetter les korrigans.​

L’audace

Oser partir, oser persévérer, oser changer de voie, oser accepter une conversation, une invitation à déjeuner, un voyage… Juste pour voir ou parce que cela prend sens face aux rêves que l’on souhaite réaliser. Parce que, à quoi bon vivre si c’est pour avoir peur de tout, tout le temps.​

J’ai eu des conversations passionnantes ces dernières semaines. Des conversations sur la reconnaissance, sur le sens de l’action, sur l’audace, sur l’écriture, sur l’inconnu, sur la reconversion professionnelle, sur l’art, sur l’amour et la liberté. Des conversations qui sont toutes empreintes de cette certitude : la vie est n’est intéressante qu’imprévisible.​

C’est là que l’on se rencontre, dans ce dont l’on n’a pas l’habitude, dans la rencontre de l’Autre. Je crois, contrairement à Sartre, que le paradis, c’est les Autres. Oui, ils peuvent être insupportables de différence, mais c’est bien cette différence, cette autreté, qui nous fait pleinement exister.​

C’est pour ça que j’écris autant sur la rencontre, sur les relations, sur le fait d’être bousculé par cette rencontre – et parfois de la fuir, de lui résister, et d’autres fois de plonger en elle, sans chercher à rien contrôler, ni même maîtriser. L’incertitude comme règle de vie.​​

L’aventure

Comme l’écrit Hunter S. Thompson :

​„Life is not a journey to the grave with the intention of arriving safely in a well preserved body, but rather to skid in broadside, thoroughly used up, totally worn out, and loudly proclaiming, “Wow what a ride!“

​Je traduis à la louche : La vie n’est pas un voyage vers la tombe avec l’intention d’arriver en sécurité dans un corps bien préservé, mais plutôt de déraper hors piste, complètement élimé, complètement épuisé, en proclamant à voix franche : « Ouah,quelle cavalcade ! »

Je suis énervé par cette époque qui cherche à tout lisser des relations humaines, par les invitations à gérer nos émotions plutôt qu’à les vivre, à nous concentrer sur le positif, à rester politiquement correct. Je prône l’incorrection, les émotions vives, y compris lorsqu’elles sont inconfortables, et la permission d’ouvrir la bouche, d’être curieux, inquisiteur quitte à être impoli, de s’intéresser trop à l’autre, au point de le gêner, peut-être, avec nos questions.

S’épuiser de vivre

Il faut s’épuiser de vivre. Tout oser. Tout tenter sans baisser les bras, sans se résigner. Au contraire aimer cette vie à en crever sans se soucier des comptables et des percepteurs. Au diable les honneurs et la reconnaissance. Amusons-nous sans demander la permission, jouissons d’être là, poussière insignifiante à l’échelle géologique, grain de rien perdu dans l’immensité de l’univers.​

Je plains les esprits cartésiens qui cherchent à enfermer le réel dans des cases bien hermétiques. Je plains les calculateurs qui voient dans l’Autre un moyen plutôt qu’une fin en soi, un produit qu’ils étiquettent avec soin au lieu d’un temple au mystère à chaque instant renouvelé.​

À la liste des aventures que j’ambitionne de vivre j’ai ajouté une traversée du Cap Horn. Elle reste à organiser. J’ignore dans combien de temps et comment elle aura lieu. C’est là tout l’intérêt de cette liste : c’est la liste des choses à faire sans savoir.

​La croisade

« Tu as besoin d’une croisade », me dit une amie à qui je parle de mes envies d’expéditions en mer, moi qui n’ai jamais navigué.

« Une croisade contre qui ? » lui demandé-je, curieux, parce que je ne suis ni belliqueux ni militant (sauf pour l’art et l’amour libres).

« Pas contre, » me corrige-t-elle, « pour« .

Alors mes yeux s’éclairent. Une croisade pour l’esprit d’aventure et une vie extatique !​

C’est à cela que sert l’écriture, à mes yeux : agiter l’imaginaire pour encourager le lecteur à rêver en grand, et lui donner à voir les exemple de personnages qui ont décidé de transformer le rêve en réalité.​