CLown

Je suis clown. Et comme c’est nouveau pour moi, je vais à la rencontre d’autres clowns, des clowns neufs comme moi, mais aussi des anciens, des vétérans, des qui ont à nourrir mon imaginaire et mes possibles. Avec les clowns neufs, c’est l’effervescence, tout nous semble accessible. Avec les vétérans, cela prend des formes particulières et singulières.

Je découvre Sky de Sela, par exemple.

Je cherche aussi, dans l’écriture, à être de plus en plus clown. Ce n’est pas de l’écriture automatique, parce que je respecte les structures du récit. Ce n’est pas un exercice formel, c’est un exercice de fond. Je cherche la transparence émotionnelle et le risque. Je me demande à quoi ressemblerait un spectacle vivant encré.

J’expérimente.

La vie danse à nouveau, en quelque sorte, parce qu’elle est morne quand elle cesse d’expérimenter, quand elle roule dans sa routine, qu’elle ronfle dans son confort.

Il me faut de la vie, le spectacle vivant me la donne, c’est de la vie immédiatement vécue, sans fard, sans filtre, malgré le maquillage, malgré l’intention. Je veux offrir à rire et à pleurer. Je garde, gravé en mémoire, ces regards reçus et partagés depuis le plateau, face à un parterre d’inconnus. Le brillant de ces regards !

Il est là, le sens, dans ces partages. Dans le risque de se montrer, d’être vu, et d’offrir un miroir à celui qui regarde. De lui permettre de définir ses contours à-travers ceux que l’on esquisse, que l’on tente, que l’on hésite à tracer, qui se tracent à notre insu peut-être.

Je suis clown. Résolument.