MAYDAY MAYDAY, PILOT DOWN

Les instruments ont cessé de fonctionner, les commandes ne répondent plus. Le coucou comme une boule de flipper entre les nuages, poussé par les rafales, la carlingue clignotant d’éclairs. « Mayday Mayday ». Il est probable que la radio a cessé d’émettre, le message de détresse captif de la caisse de résonance de l’habitacle. Arc-bouté sur le manche, le pilote tente de se convaincre que son agitation peut le sauver du crash. « As-tu déjà touché le fond ? » demandait le Capitaine avant l’envol de la mission. « Pas encore, il me reste de la marge » avait répondu le pilote. Cette fois-ci, se dit-il, ce serait la bonne. Cette fois-ci, il ne pourrait pas tomber plus bas. Cette fois-ci, il ne se relèverait peut-être pas. Pensées abstraites. Pour le moment le coucou plane encore, à défaut de voler, et le vent ne semble pas prêt à le lâcher. Il est entré dans le grain avec le sourire aux lèvres, l’arrogance de celui qui n’a connu d’échec que le sourire condescendant d’une blonde après qu’elle l’a embrassé. Cœur élastique, lèvres sensibles. Le nuage l’a surpris, de densité et de violence. Et de l’autre côté, davantage de mauvais temps. Et les instruments qui lâchent. Champ magnétique ?

Le pilote se connaît des ressources sous estimées mais en cet instant précis de panique, il l’oublie. Il se laisse distraire par l’apparente urgence de la situation. Oublie les commandes de secours, cachés sous le tableau de bord. Oublie les grenades à fragmentation météorologique. Oublie le siège éjectable. Pris dans la panique des commandes qui ne répondent pas, ébloui par les gyrophares d’alarme qui hurlent leur rouge vif, assourdi par ses propres cris, le pilote oublie tout son entraînement. S’écrasera-t-il ? Pour le moment, le coucou plane mais, si l’altimètre est encore fiable, il chute.

À suivre