Itinérance

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« Tu es itinérant. C’est bien, non ? »

Elle me dit ça en ajoutant que je pourrais avoir une vie toute tracée et que ça me tuerait. Elle me dit ça parce que j’ai exprimé mon désarroi: « je ne sais pas ce que je fais de ma vie ».

Je continue en plaidant: j’ai commencé à travailler avec Sarah pour qu’elle m’aide à trouver un sens, une direction, une destination, et elle me fait faire tout le travail inverse, elle m’apprend à lâcher prise sur les aspirations et les moteurs externes et à me concentrer sur le feu intérieur.

J’ai eu cette conversation avec G. et Q., cette question de l’acceptation qui dit: « je suis arrivé, maintenant le travail se fait dans le vertical plutôt que dans l’horizontal ». Autrement dit il ne s’agit plus de papillonner, de chercher ma place dans la vie, mais de l’occuper. J’ai compris qui j’étais, j’ai trouvé mes idées et mes valeurs. Et je suis tout ça et bien plus encore. Et je suis en changement perpétuel. Mais l’essence reste la même. Il y a, au fond, derrière tout ça, une constante. Ce « cogito ergo sum » de Descartes, cette conscience réflexive qui observe les pensées, les sensations, les perceptions. Qu’on l’appelle esprit, âme, conscience, Soi, tous les changements auxquels je me soumets tendent à me rapprocher d’elle.

La chamane m’a dit: « ce qui doit être sera ». Marie m’a dit: « ce qui est bien avec la psyché c’est qu’à chaque moment nous choisissons exactement ce que dont nous avons besoin ». Aux super sayians qui me demandent ce que je compte apporter au groupe, je réponds « De l’amour et de l’écoute », parce qu’à trop vouloir nous pousser ici ou là, parfois, nous oublions que nous avons surtout besoin de nous rappeler d’être nous ici et maintenant, et que c’est ce que nous pouvons faire de meilleur – comme quand je suis en train d’écrire ce billet.

Être itinérant c’est ma manière d’aller au bout de ma vie. C’est souvent inconfortable mais ma confiance vient d’ailleurs. Là où la stabilité rassure les voyageurs de l’immobile, le déséquilibre est le giron de ma sécurité, comme pour le marin qui trouve son équilibre sur un pont en mouvement constant. La sécurité je la trouve dans ma capacité d’adaptation qui, même si elle a rouillé ces dernières années, reste entière.

Un seul objectif: exprimer ma vérité, qui est que chacun porte sa propre excellence, sa propre définition du succès ; que le devoir de l’être humain c’est l’ambition mais pas l’ambition dictée par l’extérieur (la grosse voiture, le gros boulot, le gros compte en banque, le bon mariage et compagnie). L’ambition vient de l’intérieur de chacun. Est dictée par l’histoire de chacun. C’est ce qui fait le monde si intéressant, le fait que chacun ait une chose différente à apporter au groupe.

Ceux qui perdent du temps sont ceux qui épousent l’ambition que les médias, l’héritage culturel, et ce que leurs influences directes et indirectes cherchent à leur dicter.

La première partie de la vie consiste à découvrir ce que l’on veut vraiment.

La seconde partie de la vie consiste à l’obtenir.

Combien de temps durera la première partie de votre vie, c’est là la seule question qui vaille la peine d’être posée.