Capter la vibration des villes

Mon nouveau projet, un projet pour la vie, un projet que j’avais déjà formulé – ailleurs, pour moi, avant – c’est d’écrire un livre par ville. De choisir les villes où être pour les livres qu’elles peuvent me dicter, de capter quelque chose comme une vibration (avec un peu de chance, une essence). Une expérience, voir comment (si) … Lire la suite

Les trois sens du terme

« Quand tu n’es pas là, c’est une perte de sens, dans les trois sens du terme »

Le sens comme sensation, comme frisson, comme caresse tout autant que comme uppercut dans le ventre, où se cache le noyau de l’être, qu’il faut choquer parfois pour qu’il reparte, qu’il se remette à vibrer.

Le sens comme direction, comme indication du chemin à emprunter, comme un doigt tendu, pointé vers soi et vers sa propre réalisation. Quand les signaux-néons clignotent pour dire: « c’est par là ».

Le sens comme signification, comme raison d’être, comme dévoilement du monde et de la destinée, parce qu’exister sans savoir pourquoi, cela n’est pas vivre.

J’en ajoute un quatrième: le sens comme organe de perception. Parce qu’avec toi, je ressens le monde, je le sens à nouveau, c’est-à-dire nouvellement (une nouvelle fois et de manière inédite).

Let it be known – a covenant

Let it be known that today is the day I commit to this thing that is writing. This is the turning point, the one that suffers no return. This is the time where I entrust myself to my Muses. This is the time where I have faith in the fact that we are all here for … Lire la suite

Les deux plateaux de la balance de l’art

J’ai acheté Fallout 4 avant sa sortie. Je suis toujours hésitant avant d’acheter un jeu vidéo, parce que j’ai des goûts très spécifiques en la matière, et parce qu’il y a beaucoup de jeux sans intérêt. C’est pourquoi je regarde toujours les critiques avant d’acheter un jeu, je cherche des mots clefs bien précis: « ambiance », « immersion », … Lire la suite

Mon destin, et autres complications

anaelverdier.com

J’écris. Depuis toujours. A 16 ans, j’ai affirmé: c’est ce que je ferai, rien d’autre. C’est ce que j’ai fait, rien d’autre. Pourtant, quelque chose ne va pas, quelque chose n’est pas en place. J’enseigne encore. J’aime. J’aime voir naître les histoires. J’aime être là pour aider à les accoucher, les faire exister là où, … Lire la suite

Mécénat

anael verdier

Je devais avoir huit ou neuf ans la première fois que j’ai entendu parler des mécènes, ces créatures mystérieuses grâce à qui l’art arrivait. Il m’a fallu quelques années pour comprendre que les mécènes étaient simplement des gens qui achetaient leurs oeuvres aux artistes mais il ne m’a fallu que quelques secondes pour sentir que je voulais devenir mécène.

J’ai cru, parce que c’est comme ça que les histoires mes les ont présentés, que les mécènes étaient des personnes affluentes, qu’ils étaient assis sur des montagnes d’or dont ils ne savaient quoi faire. Si certains mécènes étaient sûrement très riches, je suis convaincu que la plupart ne l’étaient pas. Ils avaient simplement un peu d’argent à dépenser et choisissaient de s’offrir un portrait, un livre, une participation à la vie artistique.

Au lycée, j’avais un ami dont la famille était riche. Il y avait un cagibi dans sa maison, une petite pièce de deux ou trois mètres carrés, dans laquelle s’entassaient des toiles.

Le mécénat peut être envisagé de deux manières: par amour de l’art ou comme tactique de défiscalisation.

Depuis plusieurs années, cette idée d’être un mécène revient me chatouiller les moustaches. « Quand j’aurai de l’argent », je me disais. Alors je dépensais de l’argent dans des cours qui me permettraient de gagner l’argent que je pourrais ensuite utiliser pour financer des artistes.

Et puis j’ai compris.

Je n’ai pas besoin d’être riche pour financer des artistes. J’ai juste besoin de repenser mon budget. Dans les règles de vie que j’ai édictées au passage de mes trente ans, il y a celle-ci: être plutôt qu’avoir.

Pourtant, je continue d’accumuler des possessions matérielles (moins qu’avant, mais je continue quand même), d’être attiré par les magasins avec leurs objets qui brillent et qui m’appellent « Achète-nous, achète-nous! »… surtout quand c’est pour Seth ou pour mon entreprise.

Une photo originale d’un bon photographe contemporain coûte entre huit-cent et mille cinq cents euros, disons mille deux cents pour simplifier. Vous ne pensez pas pouvoir choisir de mettre cent euros par mois de côté pour permettre à un photographe de vendre une photo de plus cette année ?

Vous dépensez pourtant facilement 3,33€ par jour de manière inutile (oui, ça fait 100€ dans le mois, juste 3,33€ de dépensés en moins chaque jour, pendant un an)

A la fin de l’année, je serai heureux d’avoir une photographie originale alors que je regretterai les trois cent soixante cinq cafés industriels, les deux cent pains au chocolat, les deux-cent quarante bières, les cinquante redbulls… Ou pire: je les aurai oubliés.

Si nos vies sont la somme de nos souvenirs, notre argent ne devrait-il pas aller à des choses (objets, expériences…) dont nous nous souviendrons et qui aideront un artiste à continuer son art ?

L’an dernier, j’ai investi quatre-vingt euros (88!! c’est rien, 88€!) dans la campagne Ulule de mon amie Cécile. Aujourd’hui, ses photos sont exposées à Paris. Qu’aurais-je pu faire de mieux avec mon argent ?

Nous avons besoin d’art et de culture et nous pouvons tous participer à leur existence en coupant l’herbe sous le pied des intermédiaires. Directement du public au créateur et du créateur au public. Parce que les grands groupes n’ont pas à nous dicter ce que nous devons lire, écouter, regarder, aimer. Parce que la valeur de l’art est dans le regard de celui qui le reçoit.

Il n’y a jamais eu de meilleure époque pour être mécène.