Je suis fabriqué de mes départs. Pages tournés, chapitres clos, portes tirées sur ma silhouette, de dos, allégée de tout ce que j’ai laissé dans mon sillage. Si je construis, c’est une route. Je ne veux laisser de mon passage qu’un itinéraire tracé au charbon sur le parchemin de mon existence et de celles que j’ai croisées. Pas d’investissement dans la pierre, pas de possessions dont je ne saurais me séparer, pas de loyautés étouffantes. Le large m’appelle. Toujours le large. L’ailleurs. Nulle part de précis, juste autre part.
Je précise que ce n’est pas une fuite, c’est un art de vivre. Je fuis quand je reste. Je fuis quand je n’ai pas le courage de larguer les amarres. Mes lâchetés sont immobiles. Elles sont d’amour.