Blender: 4
– Tu réfléchis trop.
Je regardai l’échiquier et ses pièces. Je n’avais jamais rien compris à ce jeu. Trop paresseux pour calculer, anticiper. Je déplaçai une tour. Un coup sans intérêt, un coup perdu. Laurent secoua la tête.
– En plus, tu ne fais aucun effort.
Je ricanai et voulus me rouler une cigarette mais il avait déjà déplacé son fou. Je savais que j’avais perdu. Cela faisait au moins trois tours que j’avais perdu et que je repoussais le moment de l’admettre. Je pris le temps de me rouler une cigarette et de la porter à mes lèvres sans l’allumer avant de coucher mon roi.
– Tu préfères pas qu’on sorte ?, lui demandais-je
Il soupira, rangea son jeu et nous quittâmes l’appartement. Anne-Cha n’était pas là. Elle n’était jamais là. Je crois qu’elle bossait dans un café de la Butte aux Cailles. Quand je dis bosser, je ne parle pas d’un boulot de serveuse, mais de travailler ses cours.
Nous marchâmes jusqu’à nous en lasser et prîmes le métro. A Odéon, il était encore tôt pour commencer à boire. Nous nous contentâmes d’un café. Je regardai les filles, pas lui. Il était célibataire, pas moi.