Summer

Juin est passé vite. Je veux dire. C’est pas fini fini mais c’est bientôt l’été. Je ne sais jamais. Pour moi les saisons, c’est toujours le 21. 21 mars, 21 juin, 21 septembre, 21 décembre. Je sais que ça change, parce que les années ne font pas exactement 365 jours et tout, et que ça peut tomber le 20 ou le 22. Bon, autour du 21.

L’été, donc.

Dans ma tête, cette année n’est qu’une seule longue saison d’écriture. Chaque matin, depuis février, je construis, rédige, corrige, polis, les chapitres du projet Alfred. J’en ai fait un peu plus de la moitié. Je suis à peu près dans les temps. En rédaction, parce qu’en livraison, j’ai éclaté les délais, mais l’éditeur m’a dit « pas de pression ». C’est le piège. « Pas de pression », ça ouvre la porte à mon perfectionnisme « Il a dit ‘pas de pression’, ça veut dire qu’on peut peaufiner encore ! »

Non, ça veut juste dire qu’il est poli.

Je vis mal mon retard — qui est pas vraiment du retard puisque la rédaction est dans les temps — alors une partie de mon cerveau veut surcompenser et me dit « si tu livres en retard mais que tu livres plus que prévu, ça rattrape. »

C’est un piège. Si tu te laisses avoir par cette logique, tu te plantes encore plus. Le retard devient exponentiel. C’est n’importe quoi. Mieux vaut admettre d’avoir éclaté les délais et rendre ton taf.

Je me répète le conseil de Neil Gaiman : dans le taf tu dois être ponctuel, bon et ça doit être agréable de travailler avec toi, et le secret c’est que tu peux t’en sortir professionnellement si tu coches seulement deux des cases.

Je suis bon et pas super ponctuel. J’essaie d’être agréable mais je bascule vite dans le désagréable. Avec l’âge j’arrive à mieux gérer mais ce n’est pas encore parfait. Disons que je crame une relation sur trois maintenant au lieu de deux et demie sur trois à mes débuts.

Enfin voilà. Une seule longue saison. Toute ma tête est dans le projet.

Ça fausse un peu ma perception de la réalité. Le temps est élastique. Et certains jours, les gens me paraissent moins vrais que mes personnages. Je perds des journées entières. Dans le sens où je ne me rends pas compte de leur passage. J’aime ce décalage.

Le retard m’angoisse, par contre.

Alfred – écrit : 50/100 – Prêt à livrer : 42/100

Dehors : il y a eu un bel orage ce weekend.