Tous les matins regarder le miroir et dire: « je serai à la hauteur de ma vie. Je ne pointerai personne du doigt pour justifier de mes lâchetés et de mes faiblesses. Je ne me cacherai pas mes peurs et mes erreurs. J’écouterai mon désir profond et agirai en accord avec mes valeurs. Je ferai ce que je veux dans le respect d’autrui ».
Tous les matins, me souvenir que tant que je respire, je peux modifier ma vie, même si ce n’est que d’un millimètre chaque jour, même si prendre en main ma destinée n’est pas linéaire, pas spectaculaire, et que cela prend quinze ans.
Tous les matins me dire que ce nouveau jour est une nouvelle opportunité de créer du sens, celui qui est important pour moi, celui qui me porte et me fait vibrer et me chauffe de l’intérieur.
Tous les matins, faire la liste des relations dont je ne veux plus et ressentir de la gratitude pour celles dont je veux encore.
Tous les matins, me souvenir de ce que j’ai construit, et de toutes les façons dont j’ai fait attention à moi et respecté mes besoins en développant et en adoptant les stratégies qui fonctionnaient le mieux pour moi à ce moment-là, celles auxquelles mes ressources me donnaient accès.
Tous les matins me souvenir de ce que je fais pour moi et me rappeler que personne n’a été mis sur cette terre pour veiller sur moi et que personne n’a le temps de m’avoir comme boulet, que je n’ai pas le droit de m’imposer comme un boulet pour les autres.
Être adulte, c’est porter la responsabilité de sa vie
Chaque matin je me souviens que mes circonstances ne sont qu’un accident, un accessoire dans mon existence. Comme tous les accessoires, certaines sont plus faciles à utiliser que d’autres. Certaines sont encore pertinentes et d’autres non. Certaines sont lourdes, chargées de souvenirs et d’habitude et j’aurai du mal à les changer. D’autres me semblent impossibles à éliminer à cause de leur charge émotionnelle, comme le sont les nœuds papillons de mon grand-père dont je ne me sers pas mais qui me rappellent la place qu’il a eue dans ma vie. Un jour, peut-être, je les donnerai.
Mais quoiqu’il en soit mes circonstances sont un choix. Le choix de l’importance que je leur donne, le choix de les garder en l’état ou de les changer. Et un poids. Leur gravité est inégale. Il y a celles qui sont lourdes comme de la fonte et il y a celles qui sont légères comme une plume (genre le temps qu’il faisait ce matin, circonstance sans aucune gravité).
Je suis responsable de mes choix et du sentiment de réussite et de satisfaction que je tire de ma vie. Tous les matins, tenir un journal de gratitude permet de se reconnecter avec cette simple réalité: la vie n’est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu’elle est et nous portons sur elle le regard qui lui donne son sens.
Tous les soirs, me rappeler de ce que j’ai fait cette journée. Au lit avec mon fils, on échange nos trois moments préférés de la journée. C’est un temps qui éduque nos regards.
Après, il me dit des choses comme « rien n’est impossible ».
Parce que ce rituel nous rappelle l’effet de la résilience et de la patience, qui transforment toutes les expériences, qui soignent les blessures et réparent la peau et le cœur.
Les gens souffrent autour de moi. J’ai de la peine pour eux et je sais que je ne peux pas empêcher leur souffrance, juste leur laisser la place de trouver leur propre chemin. Il y a tellement de force à trouver dans la solitude (qui n’est pas l’isolement). Tellement de sérénité dans l’autonomie émotionnelle et existentielle et professionnelle.
Les contretemps existent. Les obstacles, les tragédies, les cahots. Le chaos c’est la norme, l’entropie guide le monde. Dans l’autonomie existe la certitude (même si elle est parfois fragile) que l’on avance, que l’on construit, que chaque fois que nous sommes ramenés à la nécessité de déployer nos ressources, d’en développer de nouvelles ou de renforcer celles que nous avons déjà, nous renforçons notre prise sur l’existence.
Alors vient l’exigence de la rigueur et de la discipline
Les rituels, les quotas de production quotidienne, le fait de ne rien lâcher, jamais.
La rigueur de se mettre à l’écoute de ses désirs, de se rendre disponible pour leur réalisation, de créer du temps, de préserver son énergie, jour après jour et à (très) long terme, pour voir au-delà de nos envies et de nos fantasmes.
La rencontre avec la réalité c’est aussi celle du refus. Parfois le monde ne veut pas ce que nous lui proposons. Alors cela peut nous donner l’impression qu’il nous rejette. C’est simplement que ce n’est pas le moment ou pas le lieu ou que ce nous faisons n’est pas pour le monde, mais pour nous.
Il y a là une clef qui met longtemps à être déterrée : c’est en nous exprimant que nous devenons véritablement vivants.
Pas en étant entendus ou reconnus mais en nous reconnaissant nous-même.
Notre place dans le monde n’a pas à nous être donnée. Elle ne nous attend pas, maintenue au chaud par les autres. Nous la prenons, pas en l’enlevant aux autres mais en la construisant sur mesure. Personne ne peut le faire à notre place. De toutes façons, chacun a déjà la charge de sa propre existence.
La tristesse c’est tous ces gens qui ne franchissent jamais le pas, qui vivent toute leur vie dans les chaussures d’un autre, cherchant à se tordre pour entrer dans les cases toutes faites que le monde leur propose, ou qui tentent de tordre la vie pour la faire coller à eux. Et ceux qui baissent les bras face à l’inconfort et à l’effort.
Cela laisse plein de place pour ceux qui sont prêts à travailler avec rigueur, avec stratégie, à leur entière réalisation. Sans écraser les autres. Sans attendre d’accolades. Juste par authenticité, alignement et justesse personnelle.