Never stop

Bordeaux, le 11 Août 2018

J’ai envoyé à la Musardine la nouvelle que j’ai écrite pour leur dernier appel à textes. C’est un calcul à long terme, les publications sur mon CV renforcent ma crédibilité. Je sacrifie une partie de ma propriété sur le texte mais je gagne en statut et j’ai un nouveau livre qui circule avec mon nom à l’intérieur.

Mon premier réflexe après avoir appuyé sur « envoyer » ? Commencer le projet suivant.

J’ai fait la danse de la victoire juste après avoir atteint la fin de mon premier jet, c’était là le moment de célébrer. Maintenant qu’il est envoyé, le projet est bel et bien terminé (sauf s’il n’est pas retenu pour l’anthologie, auquel cas je devrai lui donner une vie indépendante), et je dois enchaîner.

Pas de repos pour les guerriers, ce genre de choses.

Aux lecteurs de ma liste de diffusion (vous pouvez vous inscrire en bas de cette page) j’ai envoyé un récit de mes huit dernières années. C’était à la fois un moyen de partager un peu d’espoir et de faire un point un peu plus précis sur ce que j’ai vécu et mis en place depuis que j’ai décidé d’arrêter le scénario – une décision dont j’ai beaucoup douté pendant ces huit ans, « imagine où tu en serais si tu avais persévéré ! » me dis-je.

À la vérité j’en serais sans doute au même point. Je le vois chez mes amis scénaristes. Et j’ai décidé d’adopter un nouveau paradigme : la vie ne change pas. Pas sans décisions radicalement différentes. Si je n’ai pas de temps, je ne vais en trouver par magie dans un avenir hypothétique mais je peux décider de faire ce que je peux avec le temps dont je dispose.

Pas facile, mais plus réaliste.

Et le résultat est là. J’écris, je publie. Il y a huit ans, j’étais à sec, je n’arrivais pas à finir la moindre histoire. Un grand vide, un grand désert dans ma production.

Donc, ne jamais s’arrêter. Finir un projet n’est pas une ligne d’arrivée, c’est juste un passage de relais. Maintenant c’est un autre projet qui s’élance et il doit y avoir le moins d’hésitation possible au moment de l’enchaînement, au moment de la transmission.

Oh bien sûr il reste des doutes et des craintes et des incertitudes – sinon cela signifierait que je ne suis pas assez audacieux, reconnaissons-le. Mais j’avance, et si ma vie devait ne jamais changer… oui, je peux vivre avec et me sentir heureux. Même avec mes frustrations (pas assez productif, pas assez riche, pas assez libre) qui sont le lot de l’incarnation terrestre.

Ça ne veut pas dire que je ne vais rien changer, il y a encore des points sur lesquels je veux beaucoup bouger et ça, c’est la vie, le mouvement constant, le changement perpétuel.

Peace.