Expérimenter

Blogger pour penser à voix haute, en public. Comme Montaigne, poser son étude sur le papier et la rendre publique parce que, peut-être, elle trouvera un écho.

Un ami m’écrit « je me demande pourquoi je ressens un tel besoin de me sentir important. » Il me dit « j’ai la liberté de profiter de ma vie sans culpabilité et pourtant quelque chose me manque. C’est reposant de ne pas penser à l’impact que je pourrais avoir et en même temps je veux vraiment réaliser quelque chose à une plus grande échelle mais mes actions disent autre chose ».

J’ai pris contact avec une coach. Une nouvelle coach. Pour faire le point sur mon écriture qui est au point mort depuis Décembre. Ce n’est pas si long, trois mois, pour récupérer d’un projet qui m’a pris toute mon énergie et toute mon attention pendant six mois, qui n’est pas encore « abouti » — au sens où il n’est pas sorti, où le travail édito n’est fait qu’au tiers — mais ma part est faite et je devrais pouvoir passer à autre chose. J’ai commencé la sculpture du prochain mais je ne suis pas encore « dedans ».

J’ai envie de me consacrer à mes formations. C’est un peu les vases communicants. Soit l’écriture prend toute la place soit elle la libère. J’ai l’impression qu’à l’époque où j’écrivais des nouvelles, j’arrivais mieux à articuler l’ensemble de ma vie, mais c’est peut-être uniquement la déformation de la mémoire qui me donne cette impression.

Toujours est-il que je dois décider ce que je fais next. Avec quoi j’expérimente. L’édition tradi ? L’autoédition ? La diète d’écriture ? Autre chose ?

Je dessine. Je vais au Wing Chun. Je teste des choses dans ma vie. Je brasse des choses. C’est mieux que de brasser de l’air. Ou est-ce mieux ?

J’ai nommé un truc cette semaine : ma surcharge mentale, que je mets sur le dos de la vie domestique, du quotidien, etc., vient autant de là que de mon entrepreneuriat (je mets dedans aussi bien les ateliers que l’écriture que mes autres expériences de création de revenus).

J’enchaîne beaucoup de réalisations, depuis septembre, sur ce pan de ma vie. Être entrepreneur, c’est avoir la responsabilité de toutes les décisions dans sa vie, c’est devoir fonctionner à un haut niveau de réflexion — au sens où il faut s’abstraire du détail pour penser à l’image globale, prendre des décisions stratégiques, développer un horizon, définir un cap.

C’est, par la force des choses, faire l’effort de conscientiser chaque étape du chemin. Où je suis ? Est-ce que cela me rapproche d’où je veux être ? Où veux-je être, d’ailleurs ? Est-ce vraiment aligné avec ce qui compte pour moi ? Qui peut m’aider à aller dans cette direction ? Vaut-il mieux faire les choses seul pour réduire les frictions ou les faire avec d’autres, et tant pis pour les frictions, pour approfondir ? Qu’est-ce qui constitue le succès pour moi ? Comment je me stabilise ? À quel moment me stabiliser c’est m’engourdir ? Ce genre de questions que la plupart des gens, d’après ce que je comprends, ne se posent pas.

Je ne veux pas d’une vie comme tout le monde. Je ne veux pas forcément faire des choses grandioses mais je veux préserver ma liberté. Rester maître de mon temps. Glander la majeure partie du temps. Et créer. Faire en sorte que des choses existent là où il n’y avait rien. Et si j’ai de la chance, si je me débrouille pas trop mal, faire que ces choses apportent de la beauté dans le monde.

Expérimenter. En apprendre plus sur soi. Développer des habitudes propices à faire émerger non pas du sens mais de la curiosité et de l’excitation pour le monde.