Entre-deux

Entre deux projets, il y a le vide. Le vide et l’attente. C’est une attente qui n’a pas de visage, pas de forme. On attend. « Qu’attends-tu ?
—Je ne sais pas.
— Comment sauras-tu que tu as fini d’attendre ? »

Haussement d’épaules. Je le saurai parce que je serai à nouveau entraîné par l’évidence de la clarté, comme un élan qui m’emportera et donnera sens au quotidien.

En attendant, je savoure les petites choses. Réparer un four, regarder la pluie tomber, écouter le chant des oiseaux, apprendre de nouvelles choses. J’ai conduit un scooter pour la première fois le mois dernier, et je me suis mis au Kung fu, comme Marina dans Semaines Père.

Recommencer à écrire. Même pour dire que je n’ai rien à écrire — alors que j’ai tant à écrire ! Plus d’histoires que je n’arrive à en produire !

Je cherche quelque chose comme une justesse qui n’existe pas. Ou plutôt, qui existe mais en mouvement constant. Elle s’éloigne, se rapproche, s’éloigne à nouveau. Je ne cherche plus à l’atteindre. J’apprends à ne plus la convoiter. À accepter ce qui se présente et à l’apprécier. Les histoires vivent ensuite leur vie avec les lecteurs.

Dans cet entre-deux, ce n’est pas la justesse que j’attends, c’est le prochain élan sur lequel elle cherchera à se greffer. C’est comme un état de flottement que je peux accompagner d’une réflexion consciente, de décisions intentionnelles : qu’ai-je envie de créer maintenant ? Où est le prochain défi que je veux relever ?

Après avoir fait sauter plusieurs des verrous qui gardaient ma créativité enchaînée, vers quelles expériences ai-je envie d’aller ?

C’est tout l’enjeu de cette rentrée.