[CDD] Douceur et fluidité en écriture

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Reader,

Cette semaine dans le mastermind, nous avons parlé de l’importance d’aborder le travail avec beaucoup de douceur.

Je vois trop souvent des auteurs qui se culpabilisent de ne pas écrire assez ou assez vite. Lorsqu’ils n’y arrivent pas, ils peuvent se donner des objectifs intenables, dans un effort de compensation de ces manques perçus.

Par exemple, vous vouliez écrire 3 heures cette semaine, et vous n’avez réussi à écrire qu’une heure. Votre culpabilité, et tout le bagage qui l’accompagne (la peur de ne pas réussir, la frustration accumulée des autres projets que vous n’avez pas terminés, entre autres) vous poussent à vouloir vous « rattraper ».

Mais en écriture, comme avec les médicaments, on ne double pas la dose quand on a manqué une prise. Sinon, c’est le burn-out !

Mieux vaut, pour la survie de votre projet, écrire un peu régulièrement, que beaucoup de manière dispersée.

L’énergie que cela demande de se concentrer sur un projet n’est pas négligeable. Il faut la prendre en compte.

Sans compter qu’écrire tous les jours (ne prenez pas « tous les jours » de manière littérale, c’est un symbole, une expression qui résume les bénéfices d’une pratique régulière) entretient votre technique. C’est presque une question d’hygiène créative.

De la même manière que bouger entretient votre corps, écrire entretient pas seulement votre créativité mais le canal qui vous permet d’entrer en créativité.

Déjà en 1923, Robert Henri affirmait « le but de toute œuvre d’art véritable est d’atteindre un état de l’être, un état de fonctionnement intense, un instant inhabituel de notre existence. [L’œuvre] n’est rien d’autre qu’un sous-produit de cet état, une trace, une empreinte ».

Cette citation, loin d’être anodine, nous rappelle l’importance de l’état dans lequel nous plongeons pour écrire.

Même si l’on met de côté l’idée que l’art ait un but, même si l’on décide que le but de l’art c’est, je ne sais pas, la notoriété et la publication, avec toutes les difficultés que cela peut poser à la pratique, il y a là quelque chose d’essentiel.

La vie quotidienne, la charge mentale, les factures, les préoccupations, les injonctions, les notifications, nous maintiennent dans un état d’agitation qui est l’opposé de l’état qui permet l’écriture.

Les neurologues sauraient sans doute nommer la fréquence des ondes cérébrales, l’intensité de l’activité électrique qui traverse les nerfs, et dire : « regardez, quand vous êtes dans le quotidien, vous êtes à tant d’hertz. Quand vous écrivez, vous passez à tant. »

Ce qui m’obsède en ce moment, c’est cet état.

On l’atteint par la méditation, par la solitude, par le retour sur soi (pas sur son nombril mais à une forme de silence intérieur), on l’atteint aussi par la stimulation de l’imaginaire et des sensations.

Ce que j’aborde dans ma formation sur les décors, c’est précisément une manière d’entrer dans cet état. Le décor est un support. En passant d’abord par l’extérieur (comment des images nous inspirent), on se connecte à l’intérieur (les sensations qu’elles font naître en nous, ressenties ou imaginées).

À partir de cette connexion, nous pouvons nous ouvrir à tout un univers de détails et de nuances et de choses à faire vivre à un personnage, que ce soit dans la rencontre avec lui-même ou avec la nature ou avec d’autres personnages ou avec les traces de vie laissées par les personnes qui ont traversé ce décor avant lui.

Tracer la carte qui mène à cet état ce devrait être la première préoccupation de n’importe quel artiste, de n’importe quel auteur.

Sans lui, pas d’écriture possible.

Écrire tous les jours permet de fluidifier l’entrée dans cet état, c’est-à-dire de nous reconnecter à notre capacité à imaginer, à ressentir, à percevoir la beauté ou l’horreur ou la nostalgie ou l’euphorie d’un lieu ou d’un moment.

Il n’y a que de là que nous pouvons écrire avec fluidité.

Le travail technique et structurel peut nous aider à comprendre la logique d’un projet mais la justesse de l’écriture se trouve dans notre aptitude à entrer dans cet état de concentration intense, presque une transe, où le temps semble se suspendre, où les images que nous avons dans la tête prennent la place de celles que nous avons devant les yeux, où les voix de nos personnages résonnent à nos oreilles.

C’est une question de qualité d’attention, de nuance d’être, plus que de quantité de temps passé sur la page.

Comment vous y prenez-vous pour stopper le temps ?

Comment votre pratique vous y aide-t-elle ?

Certains exercices d’écriture ou de créativité vous soutiennent-ils dans votre recherche de cet état ?

Quelle fréquence d’écriture vous est nécessaire pour rester « branchée » à cet état ? À partir de combien de jours (semaines ?) sans écrire vous est-il laborieux de retrouver l’élan ?

Prenez quelques temps ce weekend pour méditer sur ces questions et ajustez votre pratique en fonction.

C’est ce que je ferai de mon côté, parce que nos pratiques ont besoin de constants ajustements.

Bon weekend !

Anaël Verdier

PS : pour aller plus loin, vous pouvez aussi définir cet état pour vous. C’est comment quand vous écrivez ? Comment vous sentez-vous ? Quelles sensations s’éveillent dans votre corps ? Lesquelles disparaissent de votre attention ? Comment percevez-vous votre environnement ? Le temps ? Votre corps dans l’espace ? Mieux définir un état nous aide à mieux le reconnaître quand il se manifeste et à plus facilement le retrouver quand nous le cherchons.

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Si vous voulez travailler avec moi, plusieurs options :

  1. Ma formation « Décors Mémorables » est ce que vous trouverez de plus proche d’un mentorat. Vous me voyez créer des décors à partir de rien et transformer ces décors en scènes narratives chargées d’émotion et révélatrices du potentiel dramatique de votre univers. Je vous explique presque à chaque phrase pourquoi elle est là et comment je décide de l’inclure au texte.
  2. Le mastermind vous accompagne au plus proche de votre pratique. Chaque semaine, mettez en lumière vos processus et vos méthodes d’écriture, amplifiez ce qui marche et changez ce qui ne marche pas. On plonge dans la psychologie de la pratique aussi bien que dans les techniques narratives. Rejoignez une petite communauté d’auteurs animés par un même objectif : se rapprocher d’une pratique qui leur ressemble et sortir leurs livres.

Et toujours mon podcast et ma chaîne Youtube pour approfondir votre relation à votre écriture.

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