[CDD] 50k mots, et après ?

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Il reste quelques places pour le stage d’écriture de nouvelles des 16 et 17 Décembre prochains. Détails et inscriptions sur https://anaelverdier.thrivecart.com/stage-nouvelles/

Le Nano, c’est fini. J’ai écrit 50.000 mots en Novembre, sur un projet tout neuf, qui n’était même pas l’embryon du début d’une idée en début de mois.

Le sentiment principal qu’il m’en reste c’est : « à quoi bon ? »

Pourquoi ai-je passé 30 jours à m’épuiser, à me coucher à pas d’heure, pour produire un nombre de mots arbitraires sur un projet qui n’en était pas un ?

L’important dans cette question, ce n’est pas le sentiment qui la génère, c’est ce qu’elle nous rappelle du processus créatif, de l’intentionnalité du métier d’auteur, et comment elle peut guider les prochaines étapes du travail.

Avant d’entrer dans les détails de cette réflexion, un mot de notre sponsor (de moi, c’est moi mon propre sponsor). Le week end des 16 et 17 Décembre, je propose un atelier d’écriture de nouvelles.

Nous y travaillerons l’écriture et la réécriture d’une histoire courte.

Le programme précis dépendra des projets et des auteurs qui seront présents puisque mes stages sont centrés sur vous et vos besoins.

Pour une participante, le stage sera l’opportunité de construire un projet de recueil de nouvelles à partir de textes existants. Pour une autre, on abordera la question de comment extraire un passage d’un projet plus long et le retravailler pour en faire un texte autonome et l’envoyer à un concours.

Lors de précédentes éditions du même stage, on a travaillé sur la structure dramatique de l’histoire de sorte à dynamiser un texte trop mou. Vous pouvez venir sans projet et travailler sur la méthode qui permet de générer une idée de nouvelle, de dérouler une histoire à partir d’une idée, et toutes les étapes jusqu’à la version finale.

L’atelier est ouvert à 6 auteurs de tout niveau, à tout niveau d’avancement de leur projet. Si vous avez un doute (« est-ce que le stage fonctionne pour moi ? ») répondez à ce mail et je vous donnerai tous les détails. Infos pratiques et inscription ci-dessous :

€180.00

Stage Nouvelles | 16 et 17 Décembre 2023

La nouvelle va vite devenir votre terrain de jeu préféré. Son format se prête à…

Tester des idées 💡

Rencontrer des… Read more

Ok, revenons au Nano et à ses 50.000 mots.

L’une des choses les plus importantes (et dure) à apprendre quand on veut prendre son écriture au sérieux, c’est que le premier jet de n’importe quelle histoire, longue ou courte, n’est jamais la version finale du texte.

Il n’en est même pas proche.

Le premier jet n’est là que pour vérifier qu’on a bien une histoire.

J’utilise le terme : découvrir les intentions de l’histoire.

J’ai lu aujourd’hui l’expression : « proof of story », comme on a une « proof of concept » dans l’industrie. La preuve de l’histoire, c’est ce passage indispensable entre l’idée et l’objet. Avant d’engager les efforts nécessaires pour faire un livre à partir de votre idée, il faut tester cette idée.

Le premier jet est ce test.

À la fin du premier jet, vous regardez le bazar que vous avez créé et vous posez la question « y a-t-il une histoire [qui vaille la peine d’être racontée] là-dedans ? »

Ce n’est pas toujours le cas.

Il arrive fréquemment qu’une idée, qui pouvait paraître bonne à l’origine, n’aboutisse à rien de très intéressant.

Peut-être qu’il manque un thème fort ?

Ou que les personnages sont imbuvables.

Peut-être qu’il n’y a pas de proposition dramatique assez forte.

Ou que vous n’arrivez pas à donner une voie suffisamment marquée au projet pour qu’il se distingue des autres livres déjà écrits sur son thème ou dans son genre.

Le seul moyen de savoir si vous avez une histoire qui mérite vos efforts, c’est d’écrire le premier jet.

On peut en partie tester une idée sur un synopsis développé ou un plan détaillé mais le premier vrai test, c’est l’écriture de tout le projet, de A à Z.

Le Nano repose sur cette réalité du travail créatif : vous ne saurez ce que vaut votre idée que lorsque vous en aurez déroulé le fil jusqu’au bout.

Et sur le constat que si vous ne vous imposez pas un cadre contraignant, vous diminuez considérablement vos chances de finir le projet.

Mais écrire l’équivalent d’un bouquin de 200 pages en 30 jours, c’est épuisant.

Il ne s’agit pas juste de poser des mots sur une feuille. Vous pouvez facilement écrire 1667 mots tous les jours si tout ce que vous faites c’est déposer vos pensées du moment.

Non, il s’agit d’essayer d’écrire une continuité qui ait un minimum de cohérence et de sens. Sinon, ce n’est pas un premier jet de roman, c’est juste un journal intime ou un recueil d’exercices d’écriture libre.

Écrire avec ce souci de la cohérence (et d’une certaine continuité) demande un effort en plus. Il ne suffit pas de créer n’importe quoi mais de prendre en compte ce que vous avez déjà raconté. En particulier, de prendre en compte les promesses que vous avez faites à votre lecteur et qu’il vous faut tenir.

Une narration, c’est une succession de promesses.

Vous promettez le développement d’un personnage.

Vous promettez de tirer un fil d’intrigue jusqu’au bout.

Vous promettez de réutiliser ce que vous présentez (personnages, décors, objets, relations…).

Non seulement de les réutiliser mais de les faire évoluer, c’est-à-dire de leur permettre de se transformer pour accompagner la maturation des personnages et des thèmes et de l’intrigue.

Vous le savez intuitivement.

C’est ce qui vous fait hésiter, douter, repousser le moment de vous y mettre, c’est ce qui nourrit la petite voix du jugement en vous, celle qui dit que votre texte n’est pas assez…. qu’il est trop….

En remettant le premier jet à sa juste place, vous pouvez mettre de la distance entre cette petite voix et vous.

Vous pouvez dire : « ok, je n’ai pas de premier acte, il m’a fallu 20.000 mots pour comprendre les enjeux de l’histoire et 40.000 pour voir émerger un début de point de vue, je n’ai pas du tout exploité mon univers et j’ai abandonné un fil d’intrigue secondaire en cours de route MAIS je peux retravailler tout ça ».

Commence alors le travail de préparation de la réécriture.

Vous avez identifié toutes les promesses faites par le premier jet.

Vous avez identifié ce qui manquait et ce qui était en trop.

Vous avez identifié les aspects de l’histoire qui ont du potentiel mais qui n’ont pas trouvé leur place dans le premier jet.

Vous pouvez concentrer le développement des personnages pour éviter les ventres mous et les répétitions dramatiques.

Vous pouvez construire un axe thématique intentionnel, avec des métaphores qui l’incarneront dans l’histoire.

Vous pouvez vous faire une feuille de route précise parce que cette fois vous savez où vous allez.

La deuxième version ne ressemblera pas beaucoup à la première, parce que cette fois ce n’est pas la découverte ni l’exploration qui guideront l’écriture mais la structure.

La deuxième version n’est pas non plus la version définitive. C’est une version qui confirme les intentions, qui teste, non plus l’idée mais sa construction.

La troisième version sera plus proche de la version finale, parce que votre structure posée, vous pourrez vous concentrer sur les détails de la narration. Vous pourrez déployer les intentions, vous pourrez donner de la place aux nuances des personnages, aux décors, vous amuser dans les scènes.

Pour toutes ces raisons, finir un premier jet est une expérience en demi-teinte. Oui, vous avez accompli quelque chose d’extraordinaire : vous avez fini un roman. Bravo. La plupart des personnes qui se lancent dans l’écriture d’un livre n’arrivent pas au quart de ce que vous avez fait.

Et en même temps vous vous trouvez face à un chantier. Il y a des morceaux partout, les câbles dépassent du faux plafond, c’est poussiéreux, les engins traînent dans toutes les pièces, tout le travail reste à faire.

Ça peut être décourageant.

Surtout avec la fatigue. Parce que trente jours à fonctionner à 100% de votre capacité, ça laisse des traces. Votre cerveau a surchauffé. Vous avez besoin de vous reposer pour voir le travail restant à faire avec plus de sérénité.

Commencez par là.

Ensuite seulement viendra le temps des décisions.

C’est ce que je vais faire.

Je ne sais pas ce que j’ai produit.

Je sais une grande partie de ce qui ne va pas avec cette histoire.

Je vois une partie de son potentiel, de ce qui pourrait en faire un livre chouette.

Je ne sais pas si j’ai envie de l’écrire, si je peux trouver assez de justifications thématiques et commerciales pour le faire.

C’est trop tôt pour le décider.

Ce que je décris là, vous n’avez pas besoin d’avoir écrit votre livre en un mois pour le ressentir.

80% des auteurs avec qui je parle ressentent la même chose après leur premier jet, même s’ils y ont passé deux ou trois ans.

On court après cette chimère d’un premier jet qui serait un livre abouti, d’une première version un peu magique qui sortirait de nos doigts toute finie, avec les petits rubans et tout la poussière de fée qui embarquera le lecteur.

Plus vite nous apprenons à nous libérer de cette chimère (ou à la reconnaître pour ce qu’elle est), plus vite nous pouvons faire le job et produire un texte capable de séduire ses lecteurs et d’en faire nos plus grands fans.

J’ai écrit 50 mille mots en novembre, et le travail ne fait que commencer.

Bonne écriture,

Anaël Verdier

PS : les 16 et 17 Décembre prochains je propose un atelier d’écriture de nouvelles. Détails et inscriptions sur https://anaelverdier.thrivecart.com/stage-nouvelles/

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Écoutez mon podcast, Une Page à la Fois® : https://anchor.fm/unepagealafois

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