Bubbles

Je viens de faire le lien avec le titre que j’inscris sur mes cahiers à pensées depuis deux ans : Bubbles, comme les phylactères du commentaire intérieur. Je discutais avec Élodie, et elle m’a dit « quand je me sens dans cet état, je dis que je fais de la limonade ». Quel état ? Celui de bouillonnement intérieur quand la créativité est sur « ON » et qu’elle part dans tous les sens. Une shaman m’a dit un jour « t’as un volcan dans le ventre ».

J’aime l’image de la limonade. Je lui pique l’idée. C’est toutes ces petites bulles qui remontent à la surface, qui se bousculent, qui font « psshhhh » quand on déboulonne la capsule, je trouve ça poétique, énergique, j’aime bien. Au point de piquer l’idée (avec sa bénédiction, sisi) pour ma nouvelle collection de trucs.

Quels trucs ? Et pourquoi des trucs, et pas un terme plus précis ?

Je me bats depuis longtemps contre ce qui devrait être ma plus grande force : l’éclectisme de mes centres d’intérêt, ma grande capacité à la dissipation, et mon énergie créative.

J’ai longtemps, pour des raisons qui m’échappent, étouffé ma capacité à produire vite beaucoup de choses. En partie à cause d’idées foireuses sur les « bons » rythmes et process, alors que ce qui compte c’est le rythme qui est bon pour soi.

Notamment, il m’est arrivé de lutter contre le plaisir que je prends à aller vite, et de me laisser convaincre que me disperser était le signe d’un manque de … de quoi au juste ? On m’a dit « tu ne vas pas au bout des choses », un jour, et ça m’a interroger. Quel bout ? De quelles choses ? Si la vie est un jeu infini, il n’y a de bout à rien, alors…

Ça m’a pris près de quarante ans (bon, si on élimine la petite enfance et l’adolescence, plutôt une vingtaine d’années) d’accepter et de voir clair : qui je suis, voilà ce qui fait l’intérêt de ce que je fais. C’est parce que j’en mets de partout que c’est jouissif. Quand c’est bien ordonné, déjà je m’ennuie, et en plus c’est pas mon ordre à moi.

Quand mon père vient chez moi, il s’amuse de mes entassements de documents. Je lui dis « c’est comme ça que je sais où sont les choses » et c’est stimulant pour moi. Je tombe sur des trucs par hasard, j’ai accès à tout facilement. Petit j’étais fasciné par les constructions en livres de Gaston Lagaffe. C’est pour moi un espace de jeu formidable, le bordel.

Donc des trucs : des articles, des histoires sous forme de livres, d’esquisses, de brèves, de billets audio. Les vidéos demandent trop de post production pour m’intéresser. Je me donne des règles simples : que ce soit fun, rapide et conscient du lecteur.

Puisque j’ai besoin de payer des factures moi aussi, j’encouragerai la participation au chapeau (vous pouvez déjà m’offrir un café quand vous le voulez) et je vais expérimenter avec un abonnement. Je voudrais réussir à créer un univers suffisamment stimulant pour vous donner envie d’avoir accès à mon foisonnement de production pour un petit prix mensuel. L’abonnement comprendrait tout : les articles, les livres, les formats audio et le reste.

J’ai envie d’écrire une correspondance imaginaire et de la lire, d’en faire un podcast à une ou deux voix. J’aime bien l’idée qu’on n’ait qu’un côté de la correspondance, ça laisse de la place à l’imaginaire de l’auditeur, qui se demande ce que peut vivre et répondre l’interlocuteur.

J’ai toujours eu le goût du roman épistolaire et du point de vue unilatéral dans les histoires, comme dans le journal d’Anaïs Nin.

https://youtu.be/TlXaI2ju5cs

Plus récemment, j’ai sans doute été influencé, dernièrement par les travaux de Prieur de la Marne et Élodie Frégé pendant le confinement, et par le livre de Morgane Gauthier, Joyeux Bords d’Elles, qui est en recherche d’éditeur.

Pour le travail de voix, j’ai aussi été inspiré par Howl & Other Poems, de Ginsberg, que j’ai écouté en boucle pendant le confinement.

Des sons, du texte, et des images – que j’emprunterai, parce que je n’ai pas encore l’envie de prendre le temps de sortir en créer. Florence m’a pourtant encouragé de faire des films quand je n’écris pas. Je continue d’y réfléchir sans y réfléchir. Les idées font leur chemin. Certaines sont destinées à fleurir et d’autres non, certaines des bulles éclatent à la surface et d’autres chatouillent le palais.

La surabondance créative libère de la peur du manque. Le temps qu’une idée s’évapore, mille autres sont nées.

Soyez les bienvenus dans mon nouveau chapitre. On y parlera de tout et de rien, ce sera drôle et vif et mélancolique et rageant, et parfois beau, parfois grinçant. Poétique, sérieux, déconnant, pétillant, inspirant. Comme la vie.

Ça prend du temps, de cesser de se mettre sur son propre chemin. J’ai déjà commencé. Ça ne fait que s’amplifier. Poète, conteur, créateur de mondes, voix, plume, regard. Je suis ces mots là et bien plus encore. Ce sont eux que je veux habiter et incarner pour les années à venir.

Je cherche mille personnes pour me suivre. C’est un petit bateau, il n’y aura pas de place pour de grandes foules. J’aime l’atmosphère intime des petits groupes. En serez-vous ?