Cette existence n’est rien qu’une grande aventure cosmique. À quel moment, elle nous fait peur ?
On plonge, on surfe, on se laisse guider par les forces qui nous traversent, dépouillé du souci de préserver les apparences. Les trophées ne m’intéressent pas : les jurys sont corrompus par leur vision du monde et de leur discipline. Si je reçois des médailles, ce sera par accident. Je n’ai pas besoin de me définir par rapport à mes pairs, je n’en ai aucun.
Je trace une route qui ne ressemble à aucune autre. Je ne fais la course qu’avec la mort. Mon objectif : défricher un maximum du terrain avant qu’elle n’abatte sa faux sur ma nuque. Je veux partir hilare, fier de la profondeur à laquelle je serai descendu, vieux en âge, plus frais et curieux qu’un bébé qui vient de naître.
C’est parfois vertigineux de voir tout le chemin déjà parcouru, toutes les épreuves surmontées et celles qui ont plombé le réel, et de me dire qu’il reste encore le double à faire, avec le même degré de puissance et d’intensité. Ce vertige, il m’excite. Viens, plonge avec moi, on y va. Ça sera beau parce qu’on ne fera rien comme eux. On s’en fout de leur modèle étouffant, on invente le nôtre.
Une année se termine, qui a été pleine de trucs un peu dingues, pleine de nouvelles questions et de nouvelles réponses, pleine de combats et de grandes victoires. Pas de grosse défaite, cette année, mais une progression droite, solide, ancrée.
L’année prochaine, je change de vitesse, j’accélère et je prends les virages en dérapant. Il est temps de lâcher les chiens.
Photo de Greg Rakozy sur Unsplash