C’est, bon an mal an, le nombre de mois qu’il me faut pour me sentir à l’étroit. J’en suis là. Plus envie d’écrire de la fiction, plus envie d’entendre parler d’écriture ou de livres (je saisis l’ironie d’être en train d’écrire cette phrase). J’ai envie d’autre chose. De visuel, de tactile, de longs monologues seul sur scène.
Nouveaux chantiers. Nouveaux apprentissages.
Automatiser ce qui est déjà fait, pour ne pas perdre le bénéfice du temps investi, et libérer de l’espace mental et du temps à mes prochaines explorations. En vrac, dans ma tête se bousculent la danse, le street art, le standup (pas forcément comique), la mise en scène de théâtre…
Au programme, au moins deux ans de formation, de curiosité et d’humilité parce qu’il faut apprendre un nouveau vocabulaire, de nouvelles cultures et usages. Puis des projets.
Mais là il est trop tôt pour que je sois sûr que ce sera cette direction que prendra mon avenir. Aujourd’hui c’est la curiosité qui parle, et mon besoin de renouvellement.
Peut-être que j’ai surtout besoin de recul sur ce que je sais déjà faire, oui.
Je commence l’été en m’allongeant sur le canapé, les Smashing Pumpinks et Fleetwood Mac en soutien moral, et je joue avec mes avenirs possibles.
« Je m’en voudrai si je ne publie pas un roman », me dis-je. Alors il y a ça, qui devient la prochaine priorité. Finir et publier les romans en cours. Achever les projets. Clôturer les dossiers ouverts et libérer de l’espace dans ma tête, désenchaîner mon corps des poids que je lui fais porter.
Je vais travailler à ça ces six prochains mois. Ne rien démarrer de nouveau. Limiter les dépenses énergétiques qui accompagnent l’émergence de nouveaux projets. Proposer ma pièce à Beaumarchais, l’envoyer en lecture à des compagnies. Juste pour voir. Juste pour apprendre.
Soixante douze mois. Deux mille cent quatre vingt dix jours. C’est peu et c’est suffisant à la fois.
(photo par Mikael Cho)