Ils sont là, ils arrivent à l’attention du grand public. Ils sont là, déguisés, dans les maisons. Siri, Alexa, Google Home, Facebook, les robots prennent de plus en plus de place. Les prochains grands succès de la littérature ado (les successeurs d’Harry Potter, Twilight, Hunger Games) parleront de robots parce que c’est la prochaine grande épreuve de l’esprit humain: comment vivre avec des machines de plus en plus présentes et de plus en plus autonomes ? Comment réagir quand ces machines prennent de plus en plus de métiers qui étaient jusque là réservés aux humains ?
De plus en plus, nous laissons notre pouvoir de décision aux algorithmes, nous sommes heureux de le faire parce que nos esprits sont déjà surchargés d’informations et de décisions.
Alors si nous pouvons déléguer le choix d’un film ou d’un restaurant, une liste de course ou les informations que nous recevons, alors tant mieux. Cela nous laissera plus de temps pour chercher comment combler notre solitude, faire fonctionner notre couple ou être de bons parents.
Peu à peu nous abandonnons notre autonomie au profit d’une illusion de personnalisation. Les machines nous reconnaissent et les sites nous accueillent avec notre prénom. Bientôt, la fabrication industrielle de milliers de modèles identiques sera désuète et il sera aussi facile de créer des modèles sur mesure pour tout ce que nous voulons.
Ivres d’option de personnalisation, nous oublierons que si nous sommes en train de commander ce canapé, c’est parce qu’une machine a jugé que ce serait celui qui nous plairait le plus de tout le catalogue à sa disposition. Et elle aura sans doute raison.
Les robots arrivent pour nous faciliter la vie. Ils vont même bientôt nous apporter notre idéal relationnel.
Oh, il y aura des opposants. Des manifestations contre les boulots pris par les machines, des mouvements de défense de droit de l’Homme s’opposeront aux mouvements de défense des droits des Robots. Ironie: Tous s’organiseront sur leur mini robot de poche. La frontière entre humain et machine deviendra floue.
Pour l’instant c’est le début, discret et silencieux.
Ce n’est qu’une question de temps avant que le premier robot à gagner un Oscar ne choque le monde entier. Drôle de perspective.
Ce qui m’interroge le plus c’est ce que nous ferons quand les machines feront tout mieux que nous. Il est probable que des robots finissent par être programmés pour gérer les ressources planétaires et les répartir. La question n’est pas de savoir si ni quand mais de savoir combien de temps il faudra pour que les ploutocrates cèdent le terrain.
Comment passerons-nous le temps quand nous vivrons tous dans une cage à lapin, alimentés à la chaîne par des purées hypernutritives à base de krill et de soja, branchés à un monde virtuel qui nous fera oublier les conditions de vie de notre corps ? Que créerons-nous ?
Ceci dit en supposant que les machines soient programmés avec le respect de la vie humaine et qu’elles ne décident pas de nous éliminer parce que nous serons trop gourmands en ressources.
La version optimiste c’est un monde dans lequel nous aurons choisi la stérilisation volontaire après le premier enfant pour réduire la population mondiale et revenir à une consommation raisonnée des ressources de la planète et où nous vivrons dans un entente parfaite avec les machines qui nous serviront.
La version pessimiste c’est que la troisième guerre mondiale réduira tout espoir d’avenir en cendres avant que ces questions-là ne se posent.
Cette année je fais enseigner les rudiments de la programmation informatique, la robotique et l’électronique à mon fils parce que dans l’avenir, soit nous utiliserons les robots, soit nous les créerons et l’avantage compétitif ira au créateur.