Le dernier trimestre de l’année commence.
Le premier trimestre si on compte en années scolaires.
Dans les deux cas, c’est une période importante pour les indépendants. L’opportunité de poser de nouvelles intentions, d’établir un axe de concentration pour clôturer l’année sur une note enthousiaste. Le dernier segment de route pour sprinter et atteindre ces objectifs qui ont glissé sur le bas-côté.
Il est temps de
1) faire un bilan de ce qui a été oublié.
Je voulais publier 3 livres cette année. J’en ai fini un énorme (134.000 mots !) qui m’a pris 6 mois de travail exclusif. J’en ai d’autres sur le feu, de la fiction et de la non-fiction. 3 mois pour les finir, ce n’est pas impensable. Ça me demandera une excellente organisation. Je sais faire. Reste à voir si je déciderai de le faire.
J’ai abandonné mon podcast pendant l’écriture. J’avais annoncé 100 épisodes. Je me suis arrêté à 51. Je voudrais finir les 49 épisodes restants avant la fin de 2023. En reprenant mon rythme d’un épisode par jour (hors weekend), ça rentre tout juste.
Pour faire de la place à l’écriture et à des trucs qui s’agitaient en moi qu’il fallait que je digère, j’ai diminué le nombre de mes ateliers. J’avais des choses à interroger sur mon écriture et mon rapport à l’écriture. Je reviens de 6 mois de mon marathon rempli d’une détermination toute neuve. J’ai déjà signé 3 interventions en médiathèque et une collaboration avec le théâtre du chapeau sur le thème « Clown et Écriture », sans compter mon mastermind et mes ateliers thématiques. Ça va être un beau chapitre pour les ateliers !
2. Une fois que le bilan est fait, je me concentre sur ma vision
Où je veux être dans 5 ans ? Qu’est-ce qui a bougé depuis la dernière fois où j’ai fait cet exercice ? Quel genre de vie ai-je envie de vivre au quotidien ? Quelle trace ai-je envie de laisser dans le monde ?
Ma réponse fluctue.
Dans cinq ans je veux être plus haut que jamais sur le chemin de ma notoriété de romancier… avec encore un chemin énorme à parcourir.
Je veux arpenter le monde en nomade, sans attache géographique.
Un road trip d’Est en Ouest au Canada serait une bonne manière d’incarner cette vision.
Au quotidien, si j’écoute mon cap intérieur (en gros, ce qui me plaît), je veux une vie où je décide de mes horaires, où je travaille à mon rythme, qui alterne entre longues périodes d’immersion et longues périodes de relâche. Je veux me fixer mes propres objectifs. Je veux écrire, créer, ouvrir des chemins de création pour d’autres en facilitant le passage à l’écriture et à la maîtrise de leur écriture, ce fin fil entre décision consciente et surprise offerte par l’inconscient.
Ce n’est pas tant la réponse qui fluctue que ma force de détermination. Les doutes sont fréquents : « Est-ce que je vais y arriver ? » ; « Mes circonstances sont-elles un trop grand frein ? » ; »
Ce n’est pas inhérent aux métiers créatifs. C’est valable pour toutes les démarches entrepreneuriales. C’est même devenu valable dans tous les corps de métier j’ai l’impression. Trop de pression. Trop d’inflation. Trop de priorités en conflit les unes avec les autres. Me rappeler cet axe : j’écris, je communique, j’accompagne les auteurs, je suis le maître de mes journées (c’est moins sexy que ça en a l’air, ça veut souvent dire que je travaille 12 heures par jour sans certitude de rétribution, mais à l’inverse, je peux prendre une journée en milieu de semaine pour me détendre si je me sens à bout, ça s’équilibre).
Quant à la trace que je veux laisser ? Si je le prends comme les valeurs que je veux incarner, que je veux que mon travail reflète, je dirais une certaine approche ludique de la vie. On est là pour jouer, pas pour souffrir. Une légèreté, une facilité à pardonner, le goût de l’exploration et de la découverte et de l’effort, une certaine magie dans le regard, une belle qualité d’attention (pas forcément sur de longues périodes mais intense quand elle est là), et accompagner des vocations d’écriture, aider à construire de belles carrières, contribuer à faire fleurir de belles plumes, audacieuses et vulnérables.
Les obstacles sont multiples. Rien d’exceptionnel là-dedans. Alors le mental joue. Il faut prendre soin de mon énergie, me rappeler régulièrement que le chemin en vaut la peine, que ce n’est peut-être pas le plus facile mais c’est celui qui me convient le mieux.
C’est comme quand on est en montagne et qu’il est tard, qu’il commence à faire froid, à pleuvoir, que nos jambes ont du mal à nous porter. Il est facile de se dire « pfff, à quoi bon grimper sur cette montagne ? Je pourrais être bien tranquille dans mon canapé à la maison ».
Le problème c’est que dans le canapé à la maison, on s’ennuie. Le paysage n’est pas aussi beau et notre corps s’ankylose.
3. Je fixe mes objectifs pour le trimestre
Une fois que j’ai fait le bilan et redéfini ma trajectoire, je décide où je vais mettre mes efforts ce trimestre. Je n’ai pas envie de me laisser seulement porter. J’ai envie d’agir. De me dépasser. De me donner des défis et de les surmonter ou d’échouer mais en ayant tout donné.
J’échoue beaucoup.
Ça ne me pose pas de problème.
Quand on regarde les statistiques des athlètes, on retient les buts marqués, les matchs remportés. On ne regarde pas le nombre d’échecs. Les tirs tentés qui n’ont pas aboutis. Mais tous les meilleurs athlètes essaient plus qu’ils ne réussissent. Ils tirent et le tir est bloqué. Ils tirent et ils visent mal. Ils tirent et la glace ne porte pas le palet comme ils le voudraient.
La citation la plus connue de Wayne Gretzky, c’est « Tu rates 100% des tirs que tu n’effectues pas ».
Un moyen de dédramatiser l’échec et de dézinguer la peur qui y est associée.
Chuck Palanhiuk le dit en d’autres termes : « Tout n’est qu’expérimentation ». On tente des choses. Certaines fonctionnent, d’autres non, le résultat compte moins que la découverte, le plaisir de tenter quelque chose de neuf.
Cet état d’esprit est au cœur de toute démarche artistique. De toute démarche indépendante, en fait. Quand nos actions ne sont pas dictées par les objectifs d’un autre (patron, ministère, église, mentor, modes, habitudes), on n’a d’autre choix que de se jeter dans le vide. Ça demande une certaine curiosité et une acceptation du risque d’échec.
Mais entre l’échec potentiel et l’échec vécu, il y a une nuance. Celle de l’émotion ressentie. De la déception d’avoir investi de son temps et de son énergie dans un édifice qui ne tient pas debout.
Quand je me fixe mes objectifs, il y a tout ça. Ça fait bientôt vingt ans que je fais ça. J’ai développé une certaine familiarité avec l’échec. À force je ressens plus de lassitude, plus de difficulté à me relever. Le danger est là : dans le fait que le confort nous empêche de nous lancer. Je ne dis pas que ça doive être inconfortable. On travaille moins bien dans le manque que dans l’abondance. Je parle du confort psychique, émotionnel, qu’il y a à rester dans ce que l’on connaît déjà. Ce confort-là, c’est la mort de l’acte créatif, qui consiste justement à tester ses limites, à élargir ses frontières.
En posant mes objectifs, je veille à trouver un équilibre entre la prévisibilité de ce que je connais d’un côté, et la prise de risque qui consiste à essayer quelque chose de nouveau.
Alors quels sont mes objectifs pour le prochain trimestre ?
- Terminer le podcast. (49 nouveaux épisodes d’ici le 31 décembre)
- Terminer le premier jet du projet RoadTrip (Atteindre 50.000 mots d’ici le 31 décembre)
- Publier le manuel tiré de mon atelier d’écriture sur les personnages (d’ici le 15 octobre)
- Apporter ma meilleure énergie dans mon atelier sur le show don’t tell et tous mes ateliers (venir avec une intention claire au début de chaque séance)
- Me remettre dans les Larmes Félines pour en reprendre la publication au printemps 2024 (le texte actuel est en lecture chez ma ß)
- Remplir mes ateliers d’écriture (Ça demande de risquer de me mettre certains abonnés à dos parce que je vais produire davantage de contenus, c’est aussi en créant des contenus de plus grande valeur que je vais le faire)
- Reprendre en main ma communication d’auteur. (publications sur les réseaux sociaux ? contacts avec des éditeurs ? des chroniqueurs ?)
- Choisir une pratique corporelle et m’y tenir au moins trois heures par semaine pour éviter la sensation de désincarnation qui me prend souvent en début d’aprèm après trop de temps passé dans ma tête. (J’expérimente avec le Wing Chun et le Qi Gong)
Quelque chose comme ça.
Comme tout ce que je fais, c’est flexible, ouvert au flow. Si j’ai une nouvelle idée en cours de route — ce qui arrivera, c’est certain — je me donne la liberté de lâcher un de ces objectifs et de me concentrer sur autre chose.
Pour moi c’est là le point le plus important. Ces moments de détermination d’intentions sont programmatiques autant qu’ils constituent un outil de découverte. Découverte de moi, de ce qui est juste en moi, de ce qui est vraiment important (ce qui fait naître en moi un mélange d’excitation et de résistance, souvent).
Je pars de ces moments de recul pour ajuster mon cap. J’avance, puis je m’adapte en fonction de ce qui émerge.
Prochain point fin décembre/début janvier.