Si la vie est absurde et autres pensées

Si la vie est absurde, c’est à nous d’en choisir le sens. Mais à quelle partie de nous ?

Certainement pas à notre mental. L’ego est ébloui par les objets brillants et le prestige et les distractions. Il se nourrit de gratification immédiate et termine en se disant: « oups, j’ai laissé passer ma vie et maintenant il n’y a plus rien là où je suis passé ».

Nos émotions ne sont pas non plus de bonnes indicatrices du sens que nous devons donner à la vie, parce qu’elles sont des réactions, de simples réactions aux situations que nous rencontrons. Elles nous guident vers ce qui est en/pour nous important, et nous aident à décider comment agir.

C’est dans l’inconscient que se trouve la réponse, et l’on accède à l’inconscient de trois manières: par l’art, par le rêve et par les psychédéliques.

L’artiste est le guide. Il se connecte à ce qu’il y a de plus vrai en lui et il Recharger_Cover1l’exprime. Nos idées s’articulent dans les langages du corps (danse, écriture, arts visuels, musique, parfums, cuisine). Si le monde ne fonctionne pas, c’est à l’artiste d’en proposer un autre.

L’artiste, c’est celui qui questionne l’état des choses, qui joue avec les possibles. Quand j’écris Recharger ?, c’est pour dire: Attention! C’est là que nous allons.

L’artiste, c’est aussi celui qui regarde l’état des choses et qui l’expose dans toute sa nudité et sa fragilité pour rappeler la vanité des hommes et l’impermanence de leurs petits drames personnels.

Le vrai, le bien, le beau

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L’artiste est un messager. Il plonge dans l’avenir et il en revient avec des avertissements. Il plonge dans les profondeurs du présent et il en revient avec des avertissements. Il plonge dans les méandres du passé et il en revient avec des avertissements.

La culture ne l’écoute pas. La culture est dominée par l’ego et la recherche de la gratification immédiate. Elle tord le message et le transforme en spectacle. Le spectacle divertit. Le message passe inaperçu. Mais deux personnes l’ont entendu et deux personnes le communiquent et chacune touche deux personnes, et le message se répand. Et la société change. Il suffit de deux personnes.

Je ne sais pas si je crois que la société peut changer. Depuis dix mille ans, elle ne l’a pas fait et même si l’on chante l’avènement d’une nouvelle humanité, j’ai l’impression que c’est un rêve un peu flou, un espoir des éveillés qui n’a aucune chance d’advenir.

L’art est un acte de foi qui consiste à plonger à l’aveugle dans l’impossible, à faire de son mieux pour articuler le message et le diffuser dans le monde.

Il n’a jamais été plus facile de se faire entendre

Trouver son public, construire sa cloche de sécurité pour produire son art sans être à la rue, est-ce réellement plus facile aujourd’hui ? Est-ce vrai que les circonstances sont réunies, dans cet espace liminaire que nous traversons, pour bâtir la société d’artistes à laquelle nous aspirons ?

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Source

Il semble possible à quiconque de s’abstraire du système hiérarchique des décideurs, des faiseurs de pluie, et d’entrer dans sa propre réalité. L’artiste dit: « j’ai fait ça mais je ne suis plus là, je suis passé à l’oeuvre suivante ».

Le cercle vertueux de l’art ressemble à ceci: « je me nourris de ton art, je me connecte à toi, à la parcelle de réalité que tu explores, et je l’apporte avec moi dans mes propres explorations. Ton art est comme une lentille colorée qui me dévoile de nouveaux aspects de ma parcelle de réalité. »

L’artiste isolé, l’artiste qui n’est jamais connecté à l’art des autres (et aux autres eux-mêmes), est un artiste stérile.

L’humanité comme une équipe d’exploration du réel

Et si l’humanité se répartissait les tâches dans cette vaste exploration du monde qu’est la vie ?

Sylvie m’a dit un jour: « nous sommes tous une petite portion d’une vaste âme ».

De quoi êtes-vous le spécialiste ?

Quel est votre territoire d’exploration ?

Chaque artiste, chaque philosophe qui nous précède sur ce territoire, défriché une partie du chemin. Nous reprenons là où il s’est arrêté et nous défrichons la partie suivante. Mon travail sur la relation (à soi et aux autres) ne pourrait pas être ce qu’il est sans mes prédécesseurs. Je lis tout ce que je trouve sur le sujet, de Platon, Aristote et Ovide à Strauss, Melody, Chaumier. J’observe. Je participe, en écoutant et en questionnant mes clients.

Qui sont vos prédécesseurs ? Qui sont vos contemporains ?

Qui n’avez-vous pas encore rencontré, lu, entendu ?