Dysto25

2025
On est au pic de la pollution mondiale. Les catastrophes naturelles s’enchaînent. Les tremblements de terre se succèdent en Californie et on attend avec crainte le Big One. Les pirates ont pris le pouvoir dans la Mer Rouge et la Corée est prête à lâcher la Bombe sur le monde occidental. On vit dans la crainte permanente d’attentats terroristes mais les campagnes sont pires que les villes. Les instincts communautaires se sont amplifiés.
Dans les villes la vie n’a pas beaucoup changé, à part quelques avancées technologiques. Le climat y est à l’extrême limite de la guerre civile. C’est manif toutes les semaines. Les militaires sont dans les rues, à part quelques quartiers de Paris qui sont passés aux mains des gangs comme les Champs et les Halles. Dans les rues, les ordures s’entassent et servent de combustible aux feux de joie qui brûlent un peu partout.
Les fanatiques de tout bord se sont réveillés et les gurus se trouvent par poignées à tous les coins de rues. L’idiosyncrétisme spirituello-philosophico-branlette est à son apogée. J’ai quarante trois ans et je suis devenu shaman urbain. Tout a commencé par un voyage au Népal il y a 26 ans, mais c’est une autre histoire. Là je suis en train de m’exciter devant une nana qui se désape avec plus ou moins d’élégance derrière sa paroi de verre. Ma femme est partie s’installer dans une communauté-ferme d’artistes en Corrèze depuis que j’ai viré shamano-mystique. Ma fille passe me voir de temps à autre, sapée comme une lolita gothique tendance BeiJing post Shibuya. Mon fils est aux abonnés absents depuis plus de quatre mois et pour autant que ça me concerne : j’en ai rien à foutre.
Pour quelques Euroyuans de plus, je pourrais dématérialiser la vitre et me faire sucer par les lèvres qui articulent des invitations voluptueuses en face de moi mais depuis quinze ans l’éjection de mon foutre s’accompagne d’une souffrance insupportable. Alors j’évite. Je me caresse doucement sous le fute. L’excitation grimpe. Je sens l’animal nourri au triple X prendre le dessus, avec son besoin de gicler partout sur cette fille. Une respiration profonde et je canalise la bête. L’énergie et le plaisir remontent le long de ma colonne et explosent dans ma tête. Pure jouissance. Je pourrais continuer à l’infini comme ça mais je remercie la fille de la main et je presse sur le bouton. Le verre s’opacifie. La fille disparaît. Au revoir Kate. A bientôt Kate. Des champs électriques se mettent en branle, des impulsions résonnent le long des réseaux, emportant avec elles mes Euroroyuans pour un voyage dématérialisé vers les comptes de la pute et de son mac.