« Don’t go back to being dead »

Niveau du Blender: 5

S’être éveillé une fois ne garantit pas que l’on ne s’endormira pas à nouveau.

« Ne retourne pas à la mort »

Vis.

Pas un rêve, on ne vit pas dans un rêve. Mais ta réalité. Brute. Abrupte. Belle.

Sans t’abrutir de sensations fortes, sans émousser tes sens et tes émotions.

Ressens.

Respire.

Vis.

Les émotions nous font peur alors qu’elles ne sont que des messagères, que des fonctions de notre esprit.

Vis.

Plonge à la rencontre de l’autre, celle qui finit tes pensées, celle qui te comprend, celle qui s’oppose à toi et te questionne, qui te fait grandir en douceur et avec fermeté. Va à la rencontre de l’autre, celui qui veut te détruire et celui qui veut t’aimer, celui qui t’offre son aide sans que tu n’aies rien demandé et celui qui te refuse l’aide que tu lui demandes.

« Ne retourne pas à la mort, reste avec moi, je suis celle par qui tu deviens homme, celle par qui tu vis.

– Vivre me tue »

*

« Papa, comment te sentiras-tu quand je réussirai ma vie ? J’ai peur que tu te sentes humilié, alors je me retiens.

Mon père cligna des yeux comme si je le sortais d’un rêve

– Pourquoi penses-tu ça, c’est absurde. Quand tu réussiras, je serai fier.

– J’ai toujours eu l’impression que tu aurais voulu autre chose pour ta vie.

– C’est vrai. J’aurais voulu réaliser des films, faire de la photo, créer de nouveaux codes visuels mais je ne vois pas le rapport avec toi.

– Quand j’irai au bout de mon ambition artistique, quand ma vie sera faite de publications et de films, que je serai un acteur de la réflexion fondamentale sur l’art, le statut de l’artiste, sa place dans le monde, est-ce que cela ne te rappellera pas les rêves que tu as perdus ?

– Tu es mon fils. Si tu réussis là où j’ai échoué, je serai fier. Cela signifiera que tu auras réussi à te libérer de toutes les croyances castratrices qui m’ont été imposées par mon éducation et mes peurs. Je serai soulagé aussi, parce que cela voudra dire que je ne t’ai pas transmis mes blocages, que je n’ai pas gâché ta vie en plus de gâcher la mienne.

*

« Papa, fais un film avec moi, un petit film sur la paternité »

*

« Reste avec moi. Passe du temps avec moi. Quand tu es à mon contact, tu crées plus que tu ne l’as jamais fait. Travaille avec moi. Ensemble nous sommes plus forts que seuls. L’humanité a besoin que les artistes sortent de leur isolement.

– J’ai peur.

– De quoi ?

– Je ne sais pas. D’être pauvre, que ma vie n’ait aucun impact, de finir dans la rue, que personne ne se rappelle de moi, de faire du mal à mon fils, d’humilier mon père et de déshonorer ma mère, de la folie qui m’habite, de perdre mes repères, de ne jamais me poser, de me poser un jour, de ne pas visiter le monde, de mourir d’ennui.

– Tu ne t’ennuieras pas si tu suis cette voie. Tu as déjà vu une bonne partie du monde, tu as déjà changé la vie de plusieurs personnes et la folie est déjà là, te la cacher à toi-même n’y changera rien. L’art est vecteur de lumière, en le suivant, tu donneras à ton fils la volonté de le faire aussi. L’argent n’est qu’un outil, pas une fin en soi. Ton père et ta mère veulent que tu sois bien. Viens avec moi, tu ne seras pas seul.”

*

Peut-être que j’ai envie d’être seul, au fond.

*

Marcher sans but dans une ville inconnue. A la croisée des chemins pour la première fois je n’ai aucune image de ce qui m’attend au bout de cette rue. Demain ou dans une heure, quand j’aurai suivi cette voie, j’aurai des souvenirs et je me projetterai dans cette rue qui ne sera plus inconnue. Une fois suffit. Une fois suffit pour supprimer la peur.

Une partie des phrases de ce billet sont empreintées (sic) de Knight of Cups et d’un morceau de Mister Mystère.